Restor, une lentille qui restaure la vision des presbytes

Restor, une lentille qui restaure la vision des presbytes
Dre Dominique Meyer1

« Une bonne idée franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »

Arthur Schopenhauer

La génération des baby-boomers ne supporte souvent pas très bien l’insigne trahison de leur œil vieillissant représentée par l’apparition d’une presbytie qui n’épargne personne…

Certes, en matière de presbytie, les lunettes demeurent la solution la plus pratique, la plus simple, que les designers de mode ont d’ailleurs su récupérer dans un marché florissant. Plusieurs s’en accommodent, mais d’autres vivent une frustration quotidienne liée à ce nouvel handicap. De plus en plus de personnes recherchent une solution pour contourner cet obstacle devenu une source d’irritation et d’exaspération.

Les verres de contact dans leur version multifocale offrent une solution satisfaisante pour une minorité de la clientèle, les traitements au laser excimer de type presby-Lasik ne sont pas encore au point et ne le seront pas avant plusieurs années encore. Pour nos patients qui ne trouveront pas une solution acceptable dans la panoplie de possibilités actuellement disponibles, la chirurgie intraoculaire offre une alternative intéressante avec un taux de satisfaction dépassant les 95 %.

Une chirurgie qui a fait ses preuves

Depuis maintenant huit ans, la compagnie Alcon manufacture une lentille intraoculaire multifocale diffractive, la lentille Restor. Cet implant offre une acuité visuelle parfaite au loin et permet une acuité visuelle de près parfaite à 40 cm en raison de son point de focalité. La vision intermédiaire demeure très acceptable avec une acuité visuelle de 20/40 entre 60 et 80 cm.

Pour corriger chirurgicalement la presbytie, on procède à une intervention de cristallin clair, c’est-à-dire que nous pratiquons l’extraction du cristallin, lequel ne présente habituellement pas de cataracte, que nous remplaçons par une lentille permanente qui offrira au patient l’autonomie tant recherchée. Cette lentille intraoculaire demeurera dans l’œil du patient jusqu’à la fin de ses jours et on obtient généralement une grande stabilité visuelle. En effet, les changements réfractifs au-delà de 45-50 ans sont habituellement liés aux changements cristalliniens. En enlevant le cristallin on évite ce problème pour la plus grande satisfaction du patient.

Les précautions préopératoires

Le choix du candidat idéal doit toutefois faire l’objet d’une analyse judicieuse. Un patient ayant déjà subi une chirurgie par Lasik au préalable n’est pas le candidat idéal. En raison des aberrations cornéennes souvent présentes, combinées à une lentille diffractive, le patient pourrait être incommodé par des halos permanents.

Il faut également évaluer les besoins réels du patient, ses motivations, s’assurer que l’œil ne présente aucune pathologie et que les topographies cornéennes soient normales.

On doit aviser le patient des limites de la technologie : il ne s’agit pas de reconstituer un œil de 20 ans! On propose plutôt ici une qualité de vie qui répondra à plus de 90 % des besoins du client.

On doit prévenir le patient qu’il aura 50 % des chances de percevoir quelques éblouissements et halos le premier mois après la chirurgie, qui s’estomperont graduellement grâce au phénomène de neuro-adaptation. En fait, environ 1% des patients présenteront des halos dérangeants 3-4 mois après la chirurgie.

La lentille Restor permet une très bonne vision de près en condition mésopique; par contre ses performances baissent et peuvent limiter la lecture lors d’un manque de luminosité pour certains patients.

Autre chose à mentionner, la vision intermédiaire étant de 80 %, il sera suggéré pour certaines activités (par exemple, lire une partition de musique pour un pianiste) le port d’une légère addition de +1,00. Si le client potentiel accepte les quelques limitations de la lentille et que les paramètres physiologiques oculaires permettent son implantation, on peut alors procéder à la chirurgie en toute quiétude.

De façon habituelle, nous opérons l’œil non dominant en premier et procédons à la chirurgie du deuxième œil la semaine suivante. Il est inutile d’attendre davantage; le patient n’en serait qu’inconfortable en raison de l’anisométropie et de la multifocalité présente dans un seul œil. Le lendemain de la chirurgie du second œil, le patient est déjà très fonctionnel pour reprendre la plupart de ses activités régulières.

Le calcul de la puissance de la lentille intraoculaire étant fait à partir des données topographiques et biométriques du patient, il peut arriver dans 5 à 10 % des cas qu’une retouche au laser excimer soit requise quelques mois en postopératoire afin d’atteindre une réfraction autour de Plano. Le patient devra également utiliser pendant quelques semaines des gouttes antibiotiques et anti-inflammatoires pour compléter la guérison.

La lentille Restor a maintenant fait ses preuves. Les résultats sont plus que probants et la correction chirurgicale de la presbytie est en voie de devenir une procédure simple et standard qui peut convenir à une clientèle en quête de qualité de vie et de perfection.

On n’arrête pas le progrès… on ne peut qu’y participer.

1. Chercheure clinique, conférencière nationale et internationale, l’ophtalmologiste Dominique Meyer s’est désengagée de la RAMQ il y a 12 ans pour fonder à Québec l’Institut privé de chirurgie, au sein duquel elle consacre son expertise à la chirurgie réfractive par lentille intraoculaire ainsi qu’à la chirurgie esthétique des paupières. www.institutprivedechirurgie.com.