Et s’il suffisait d’en parler?

Et s’il suffisait d’en parler?
Par Marie-Pier Lagrange*, O.O.D.

Près de 90 % de la population souffre d’un trouble visuel. Les deux principales façons de corriger ces amétropies sont évidemment les lunettes et les lentilles cornéennes. Chaque patient sait qu’il peut retrouver une meilleure vision avec des lunettes. Mais pourquoi seule une personne sur cinq porte-t-elle des lentilles cornéennes? Est-ce parce que les consommateurs ignorent que leur vision peut être corrigée ainsi? Est-ce parce qu’ils croient que ce n’est pas confortable? Ou, tout simplement, est-ce parce que leur professionnel de la vue ne leur en a pas parlé?

Présenter l’option

À la suite d’un examen de la vue, le réflexe est simple et logique de prescrire l’achat de lunettes. De façon générale, il est de notre responsabilité de recommander d’avoir une bonne paire de lunettes à jour avant de suggérer d’essayer des lentilles. Pourtant, nous devrions envisager cette deuxième option au lieu d’attendre que ce soit le client lui-même qui nous en parle. Une fois la prescription remplie, nous pourrions proposer systématiquement le choix de lunettes ET de lentilles cornéennes à tous nos patients. L’optométriste pourrait le proposer directement dans sa salle d’examen, ou encore l’opticien pourrait en discuter avec le patient juste après la consultation. Bien sûr, nous laisserions les clients choisir, mais cela ne nous empêcherait pas de leur mettre la puce à l’oreille sur l’éventualité du port de lentilles cornéennes. Au moins, ils sauraient que leur trouble visuel peut être corrigé de deux façons différentes. Ils pourraient identifier ce qui convient le plus à leur style de vie ou encore mieux combiner le port de lunettes et de lentilles.

Dans les bureaux d’optique, il arrive parfois que l’achalandage fasse en sorte que nous devons être rapides et efficaces. Pourtant, offrir les lentilles cornéennes à tous nos clients serait digne d’un service plus complet. Certes, cela demande un peu plus de temps au départ, mais certains clients qui n’y auraient pas pensé pourraient se tourner vers l’achat de lentilles en plus des lunettes. Pour faire grimper les chiffres d’affaires et répondre aux besoins de nos clients, le truc est simple, il suffit d’en parler.

Choyer les porteurs de LC

Dans notre pratique, il ne faut surtout pas négliger nos porteurs actuels. Si le client porte déjà des lentilles cornéennes, assurons-nous qu’il est toujours satisfait avant de renouveler son achat. Il est prouvé qu’un grand nombre de personnes abandonnent le port de lentilles en raison de la sécheresse oculaire. Dans la majorité des cas, si le professionnel apporte les correctifs nécessaires, il peut rendre le port confortable à nouveau et ainsi éviter que le patient cesse d’adopter ce mode de correction. Heureusement, sur le marché nous avons accès à une multitude de produits, tant en lentilles et systèmes d’entretien qu’en gouttes hydratantes. Il faut également s’assurer que le patient les utilise adéquatement : souvent, il suffit de simples correctifs à apporter.

Même pour ceux qui n’ont pas de problème avec leurs produits prescrits depuis des années, nous pouvons nous attarder à quelques détails. Nous devons saisir l’occasion de leur proposer un produit supérieur ou mieux adapté à leurs besoins. Ils pourraient alors y trouver des avantages tels que la possibilité de dormir avec les lentilles ou tout simplement de se sentir bien même à la fin de longues journées. De plus, l’alternative de combiner les lentilles jetables aux mois ou aux deux semaines avec celles à remplacement quotidien peut s’avérer fort pratique. Plusieurs voyageurs auraient un souci de moins à penser lors de leurs déplacements. Tandis que les loisirs, dont le camping et la baignade par exemple, pourraient être facilités et plus sécuritaires pour leur santé oculaire avec ce type de lentilles.

Nous le remarquons tous, les lentilles cornéennes représentent un marché actuellement sous-exploité. Plusieurs personnes croient encore que ce mode de correction ne s’adresse pas à eux puisqu’ils souffrent d’astigmatisme, de presbytie ou tout simplement parce qu’ils ont une forte prescription. C’est là que notre rôle de professionnel prend toute son importance et peut faire la différence. Consacrer quelques minutes de plus pour proposer davantage de choix aux clients ou pour s’assurer de leur entière satisfaction fera en sorte que ceux-ci auront un service de qualité supérieur et auront le goût d’être fidèle à leur clinique visuelle. C’est ainsi que tout le monde en sortira gagnant.

*Opticienne dans un bureau très achalandé de Lévis au Québec, Marie-Pier Lagrange s’est très tôt prise de passion pour les lentilles cornéennes. Elle livre en primeur aux lecteurs d’EnVue : voir plus loin les fruits de son expérience dans le domaine.