L’importance du choix de la société et de la convention d’actionnaire

Lors de leur première entrevue avec Me Leborgne, Jade et Hugo se sont fait expliquer les différentes formes juridiques sous lesquelles ils pourraient tous deux exploiter leur clinique.  Lors de cette deuxième rencontre, Jade et Hugo confient à leur avocat qu’ils ont pris la décision de posséder la clinique de façon commune, en partageant à parts égales les revenus et les dépenses.  « Mariés en affaires comme dans la vie, quoi! » se surprend Jade à exprimer tout haut ce qu’elle se disait tout bas.

Me Leborgne, avec un sourire désarmant, prend un air sentencieux et rétorque à Jade « C’est très bien mais avez-vous songé au divorce? ».

« Voyez-vous, en affaires comme dans la vie, il faut se préparer au pire. Si vous optez pour une Société en nom collectif à responsabilité limitée[1] et comme nous l’avons vu lors de notre première rencontre, les biens des associés servant à l’exploitation de la Société[2] serviront d’abord à acquitter les créances. Vos biens personnels ne seront pas protégés advenant l’insuffisance des biens utilisés par la Société et ils y passeront. De plus, en cas de poursuite en responsabilité pour une faute professionnelle prétendument commise par l’un d’entre vous, seul le responsable de cette faute sera tenu d’indemniser.  En cas de dispute ou d’insatisfaction entre vous, le départ de l’un de vous deux mettra fin à la Société.  Il en sera autrement, si vous décidez plutôt de vous incorporer, c’est-à-dire de constituer une Société par actions[3] qui assurera les opérations de votre clinique et qui en détiendra les biens en pleine propriété.  En l’absence de comportement frauduleux de ses administrateurs, la Société par actions (appelée communément « Compagnie ») constitue une protection efficace contre les recours et poursuites. Pour les membres d’un ordre professionnel autorisant la création d’une compagnie aux fins de conduire les opérations professionnelles de ses membres, cette protection ne vaut toutefois pas lorsqu’il s’agit de la protection du public. Autrement dit, le professionnel ne pourra éluder sa responsabilité (civile et/ou déontologique) derrière le paravent d’une compagnie.  Par contre, si un de vos patients, affecté d’un grave problème de vision manque la première marche de l’escalier menant à votre clinique, il devra diriger sa poursuite contre la compagnie, et non contre ses administrateurs et actionnaires. Si les biens de la compagnie sont insuffisants, votre patient n’aura aucun recours contre vous, même si aveuglé par sa colère, il met tout en œuvre afin de vous en faire payer le prix. La compagnie pourra contracter une police d’assurances couvrant ce type de situation. Il est toutefois rassurant de se coucher le soir en se sentant à l’abri (relativement) des calamités de ce monde.

En cas de divorce à titre d’actionnaire, et comme vous aurez eu la prévoyance de vous prémunir d’une convention d’actionnaires, vous n’aurez qu’à suivre les dispositions applicables à la situation qui se présentera, seules les actions émises par la compagnie à chacun de vous étant en cause.  La compagnie possède son existence propre et pourra continuer ses opérations en cas de rupture entre ses actionnaires, sans qu’il y paraisse.  La convention d’actionnaires sert habituellement à régler les situations de décès, d’insolvabilité, d’invalidité, de mauvaises conduites ou de déloyauté, ainsi qu’à protéger un actionnaire de son co-actionnaire en empêchant ce dernier, par exemple, de s’émettre des actions afin de prendre le contrôle de la compagnie.  Votre avocat travaille habituellement en étroite collaboration avec vos experts-comptables, seuls l’avocat ou le notaire sont autorisés à rédiger la documentation juridique telle les procès-verbaux d’assemblées, les résolutions et les conventions.

Jusqu’à tout récemment, il y avait des avantages fiscaux importants lorsque les professionnels choisissaient d’opérer en compagnie.  Toutefois, au courant de l’année 2017, le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé une réforme importante du système fiscal touchant les petites compagnies.  En d’autres termes, l’aspect fiscal risque de rendre la constitution en société par actions moins alléchante. Ceci étant, tous les autres avantages demeurent et il est recommandé de discuter de la question de fiscalité avec votre expert-comptable ou fiscaliste, puisque les mesures annoncées ne sont pas encore en vigueur. »

Jade et Hugo quittent le bureau de Me Leborgne enthousiastes et rassurés du choix qu’ils ont fait d’opter pour une société par actions. L’avocat communiquera avec eux dans les prochaines semaines afin de leur faire signer les résolutions d’organisation de leur nouvelle société par actions ainsi que de leur soumettre un projet de convention d’actionnaires. Fiers de leur choix Hugo adresse un sourire tendre à Jade : « Reste seulement la question du bail à régler… »

Par Me Catherine Lamarche et Me Michel Trudeau

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[1] Vous devrez consulter la règlementation de votre Ordre professionnel afin de vous assurer des modalités applicables à la pratique de votre profession en Société de personnes.

[2] Une Société de personnes n’a pas de personnalité juridique au sens du Code civil du Québec.  Elle ne peut donc être propriétaire de « ses biens ».

[3] Vous devrez consulter la règlementation de votre Ordre professionnel afin de vous assurer des modalités applicables à la pratique de votre profession en Société par actions.

 

Comment faire rayonner votre marque employeur sur LinkedIn

Une forte marque employeur est ce qui permet à une entreprise de se démarquer de sa concurrence. Que ce soit à l’interne comme à l’externe pour son environnement de travail exceptionnel et son engagement social. D’ailleurs, pour se faire une première impression des employeurs du marché convoité, de plus en plus de candidats font des recherches sur le Web. LinkedIn demeure, à cet effet, l’outil professionnel hautement utilisé sur les médias sociaux pour promouvoir sa marque employeur. Alors, pour stimuler l’intérêt de vos futurs candidats, il est dans votre devoir d’y porter une attention particulière. Voici cinq trucs qui sauront vous guider.

Regardez ce qui se fait dans votre industrie

Avant d’effectuer ou d’ajuster votre stratégie de contenu, prenez le temps de regarder ce qui se fait déjà dans votre industrie. Allez consulter les pages LinkedIn des entreprises semblables à la vôtre.

Favorisez le contenu de qualité

Évitez de faire trop de publicité en parlant que de votre entreprise. En effet, il est de votre responsabilité de varier votre contenu et d’être sélectif quant à la promotion de vos produits ou services. De là, l’importance, d’opter pour du contenu intéressant et pertinent. Autrement dit, mettez en avant-plan vos valeurs et ce qui rend votre entreprise unique. Des nouvelles de votre industrie, le quotidien de vos employés, des articles provenant de votre blogue, des infographies, des vidéos, des livres électroniques sont quelques exemples de publications qui s’afficheront également sur le fil d’actualité de la page d’accueil de chacun de vos abonnés.

Utilisez les pages Carrières

Grâce aux pages Carrières, un service payant de LinkedIn, vous avez la possibilité, entre autres, de publier des offres d’emploi et d’attirer les meilleurs talents dans votre entreprise. Elles possèdent deux onglets : Vie d’entreprise et Annonces. À votre convenance, vous pouvez afficher un aperçu de votre entreprise avec des vidéos ou des témoignages d’employés tout en leur permettant d’accéder à des recommandations d’emploi ciblées.

Utilisez les pages Vitrines

Présentées comme des pages secondaires de la page Entreprise, mais qui sont autonomes, les pages Vitrines de LinkedIn vous sont offertes gratuitement. Vous pouvez les utiliser pour des communications ciblées, car seuls les abonnés des pages vitrines reçoivent les nouvelles diffusées. Par exemple, vous avez un produit qui rejoint une clientèle précise, vous pouvez créer une vitrine pour le produit en question. Ce qu’il faut retenir des pages Vitrines, c’est qu’elles sont là principalement dans le but de bâtir une relation à long terme avec un public cible.
Impliquez vos employés dans la promotion de votre contenu.

Une implication des membres de votre équipe dans la promotion de votre contenu sur leur profil personnel LinkedIn augmente vos chances d’atteindre une audience plus large. Vous pouvez les inviter et leur rappeler occasionnellement à aimer ou commenter une nouvelle publication provenant de la page de votre entreprise. Vous pouvez, également, leur donner des conseils afin qu’ils utilisent ce réseau social à son plein potentiel. Ainsi, avec leurs supports, la présence de votre entreprise sur LinkedIn ainsi que votre marque employeur seront de plus en plus en avant-plan.

Par Kim Auclair

La créativité, un incroyable joker!

Au travail, la créativité fait peur. Parce qu’elle bouscule l’ordre établi et perturbe la routine. Ou encore, parce que le premier réflexe de votre boss est de boucher ses oreilles dès qu’il a vent d’une idée neuve qui ne vient pas de lui – en y pensant bien, je suis sûr qu’un exemple frappant va vous venir en tête –, et ce, en raison du fait qu’il considère que celle-ci vise avant tout à saper son autorité. Pas vrai ?

Pourtant, la créativité est vitale. Elle seule peut vous permettre, à vous et votre équipe, d’innover, de vous démarquer, voire de prendre un temps d’avance sur la concurrence. Et elle seule est à même de vous faire franchement triper dans votre quotidien au travail : quoi de mieux, en effet, que d’embarquer sur un nouveau projet qui nous passionne et nous permet d’user de nos talents propres ? Vous voyez…

Alors, comment en faire votre amie ? Voire votre alliée ? Nombre de chercheurs scientifiques se sont penchés sur la question, et je vais me faire un plaisir de synthétiser pour vous leurs trouvailles, convaincu (que je suis) qu’elles peuvent vous permettre de progresser dans votre travail.

John Kounios et Mark Beeman sont deux professeurs de psychologie, le premier à l’Université Drexel, à Philadelphie, le second à l’Université Northwestern, à Evanston. En scrutant ce qui se passait dans notre tête lorsqu’on trouvait une idée neuve, ils ont découvert en 2009 que la créativité correspondait bel et bien à une étincelle qui jaillissait dans notre cerveau. À un endroit très précis dénommé le gyrus temporal supérieur T1 (grosso modo, la bande latérale de notre cerveau située juste au-dessus de notre oreille gauche).

Or, savez-vous à quoi sert cette partie du cerveau ? À associer des idées qui n’ont a priori rien en commun. Autrement dit, la créativité découle directement de notre capacité à associer des informations hétéroclites.

Mine de rien, c’est là une fabuleuse découverte ! Pourquoi ? Tout bonnement parce que si l’on entend décupler notre créativité – en solo ou en groupe – il convient de nous mettre dans des conditions propices à l’activation de ce mécanisme cérébral. C’est aussi simple que ça.

D’autres chercheurs ont, du coup, mené différentes expériences visant à identifier les meilleurs moyens concrets d’innover. Et des innovateurs réputés s’en sont inspirés pour établir leurs propres méthodes pour attraper au vol les idées neuves.

Résultat ? Vous gagneriez, d’après moi, à user d’une méthode curieusement méconnue, mais que je chéris tant elle met merveilleusement en branle les bons mécanismes neuronaux : la « créativité spontanée ». Celle-ci a été en grande partie concoctée par Jessica Walsh, une designer à la tête du studio new-yorkais Sagmeister & Walsh. Elle consiste à oeuvrer en groupe, en cinq étapes :

  1. Accordez vos violons Chacun doit comprendre et accepter trois règles fondamentales de fonctionnement :
    Non à la critique (et à l’autocritique). Chacun doit se sentir libre d’exprimer l’idée qui lui passe par la tête, sans être jugé par qui que ce soit.
    Oui à l’expression de toutes les idées. En particulier celles qui nous semblent farfelues.
    Oui à la quantité, non à la qualité. L’objectif de chacun est d’émettre le maximum d’idées, peu importe qu’elles soient a priori bonnes, ou pas.
  1. Éclatez le groupe en binômes hétérogènes Le meilleur moyen d’innover, c’est de mettre ensemble deux cerveaux ; et si possible, deux cerveaux différents (ex.: le boss et le stagiaire). Le groupe doit donc créer des binômes hétérogènes. Puis, chaque binôme doit dresser la liste la plus longue possible d’idées neuves par rapport au thème de réflexion choisi, en les rédigeant sur une feuille de papier dans un temps imparti.
  1. Massacrez les idées des autres ! Dans chaque binôme, l’un des membres quitte sa place pour prendre celle d’un autre. On a alors de tout nouveaux binômes. Dans un premier temps, le nouveau venu doit se faire expliquer la liste par celui qui est resté. Dans un second temps, il lui faut massacrer ces idées-là, en fonction d’un seul critère : ne peuvent survivre que trois, les plus originales.
  1. Votez Toutes les idées survivantes sont rédigées sur de grands Post-It, lesquels sont installés sur un mur de la salle. Tout le monde les découvre ensemble, et chacun est appelé à voter pour ses préférées, à l’aide de collants colorés (ex.: bleu pour la meilleure, jaune pour la seconde et vert pour la troisième).
  1. Amusez-vous! Les trois idées élues sont présentées à tous par leurs inventeurs. Enfin, pour identifier la grande gagnante, on joue au bon, à la brute et au méchant… Trois volontaires se mettent en ligne. On leur soumet l’une des idées finalistes. Le premier doit suggérer une bonne façon de l’appliquer ; le deuxième, une mauvaise façon ; et le troisième, une encore pire ; tandis que le public acclame, ou hue, chacune des performances. À la clé, la meilleure idée – à la fois originale et réaliste – transparaît toujours. Comme par magie.

Voilà. Vous disposez à présent du joker de la « créativité spontanée ». À vous de le jouer à bon escient !

Par Olivier Schmouker

Lunettes  pour sportifs et amateurs de plein-air : Tous les goûts sont dans la nature!

Que vos clients soient des sportifs avérés ou des urbains amateurs de plein air, cette année, l’inspiration a habité les designers en lunetterie. Des montures élégantes avec des propositions technologiques des plus intéressantes. Fabriquées de matériaux légers et solides, elles offrent une perception exceptionnelle de la profondeur et des mouvements tout en assurant une protection optimale.

Aeromax

1- Le modèle Aeromax de Bollé, sort de l’ordinaire. Sa technologie B-MAX offre un champ de vision vertical et horizontal exceptionnel. Les branches Thermogrip et les plaquettes de nez réglables permettent une stabilité parfaite sur le visage.

Modèle : Aeromax
Distribution : centennialoptical.com

 

Carrera Americana

2- S’inspirant du design original des célèbres lunettes de soleil Carrera Champion, ainsi que des boucliers inimitables créés lors de sa collaboration avec Porsche Design dans les années 1970, Carrera lance l’Americana. La forme surdimensionnée du modèle est définie par une double lentille cylindrique de couleurs contrastantes, vissée à une construction en acier inoxydable.

Modèle : Carrera Americana
Distribution : safilo.com

 

Sintryx

3- La structure complète de la monture du modèle Sintryx offre une haute protection et un large champ de vision. Doté de multiples fonctions, comme une parfaite ventilation grâce au système Power Flow, des embouts adaptables pour un confort optimal avec le port d’un casque, des ponts de nez ergonomiques ajustables pour toutes les formes de visage et la possibilité d’insérer ses verres correcteurs.

Modèle : Sintryx
Distribution : rudyprojectdealer.com

 

Attack - Smith

Attack

4- Découvrez la technologie MAGMC de Smith; une innovation qui permet de changer rapidement les verres ChromaPopMC lorsque les conditions de luminosité varient. Deux verres ChromaPopMC sont inclus et conçus de façon à permettre une meilleure ventilation. Le modèle Attack propose également un réglage au niveau du nez avec deux positions.

Modèle : Attack
Distribution : smithoptics.com

 

Aerospeed - Julbo

Aerospeed

5- Accros d’endurance, triathloniens en quête de l’ultime performance, cyclistes ou coureurs apprécieront le modèle Aerospeed de Julbo. Son écran géant Reactiv photochromique crée un vaste champ de vision. Le design aérodynamique assure à la fois une protection tout confort et une excellente pénétration de l’air.

Modèle : Aerospeed
Distribution : rlanctot.com

 

SF-509 - Superflex

SF-509

6- La monture SF-509 de Superflex combine légèreté et forme sportive. La coloration deux tons est mise en évidence par les rayures à l’extérieur des branches en acétate. L’ajout de charnières à ressort assure la résistance pour un style de vie actif des plus échevelé.

Modèle : SF-509
Distribution : westgroupe.com

 

Vuarnet Ice

Vuarnet Ice

7- Un classique de Vuarnet, le modèle Vuarnet Ice est une lunette de soleil fabriquée pour voyager, courir, conduire, skier, piloter ou simplement regarder le monde de face en pleine lumière.

Modèle : Vuarnet Ice (VL1709)
Distribution : www.vuarnet.com

 

AD-33 canadian optical

AD-33

8- Grâce à des branches et plaquettes de nez ajustables, les lunettes de soleil adidas s’adaptent à la forme du visage. Les verres fermement maintenus dans la monture assurent la sécurité des coureurs en cas de chute. Le système de ventilation adidas Clima-Cool a pour fonction d’empêcher la formation de buée sur les verres. Les gouttelettes glissent à l’extérieur, sans toutefois laisser de traces.

Modèle : AD33
Distribution : canadianoptical.com

 

Windsor - Zeal

Windsor

 

9- La monture Windsor de Zeal est fabriquée à partir de résine végétale. Elle sera la partenaire idéale pour partir à l’aventure. Disponible dans les teintes de noir mat, de tortoise mate, de tortoise noire et de chameau.

Modèle : Windsor
Distribution : zealoptics.com

 

Rossa Constellation - Prada

Rossa Constellation

10- Inspiré de l’esthétique sportive et du mode de vie urbain, Prada nous arrive avec ce modèle enveloppant et doté d’une seule lentille plate rehaussée d’un pont unique avec des branches en métal ultramince. Ce modèle est offert en différents coloris.

Modèle : Rossa Constellation
Distribution : luxottica.com

 

Opticiens créateurs

Plusieurs opticiens, au fil de leur pratique, ont décidé de faire le saut du côté de la création. Ce changement de cap ou cet ajout de compétence en complémentarité de leur métier a su révéler un regard neuf et de la fraîcheur dans le secteur de la lunetterie en France. Nous vous présentons quelques-uns des opticiens artisans lunetiers qui combinent un savoir-faire sans équivoque et un esprit entrepreneurial futé.

Peu importe la motivation, elle apparait personnelle, comme le goût de s’exprimer ou le désir d’offrir plus encore à ses clients sans contraintes. Il y a cette envie de répondre à la demande plus pressante de la part de la clientèle d’obtenir des lunettes uniques. Voici, six opticiens français qui créent et pratiquent leur métier autrement.

L’artiste lunetière

Carla W. Sfeir, opticienne et une artiste lunetière. Elle dessinait des prototypes de modèles de lunettes bien avant de les fabriquer. Dans sa boutique-atelier dans l’Écusson à Montpellier, elle y reçoit ses clients et fabrique des lunettes qui composent 85 pour cent de l’inventaire de sa boutique spécialisée dans les lunettes de créateurs. Sa collection COESXIST EYEWEAR est faite de matières naturelles douces et anallergiques, telles que l’acétate de cellulose atypique, la fibre de bois et la corne sur commande.

Coexist

« Pour moi fabriquer des lunettes est devenu une évidence. Mon appréhension du début a vite été calmée le jour où j’ai rencontré Alain Duperray, chef d’atelier pour la fabrication et le démarrage des plus grands noms de la lunetterie comme Mikli, l.a Eyeworks, Anne et Valentin. Cet homme aussi passionné que moi par la conception m’a encouragée. La lunette demeure pour moi un outil d’expression personnalisée et doit ressembler à celui qui la porte. C’est pour cela que j’ai décidé d’ouvrir mon propre atelier en 2004.

Les sources principales de mon inspiration sont les visages et la personnalité des clients de ma boutique d’optique. À ceci, s’ajoute le vivier d’idées de techniques poussées émanant de ma personnalité, de ma réflexion et de mes déplacements en plus de mon intérêt pour le design de meuble de textile et d’objets. Le fait que mes lunettes ne soient pas industrialisées mécaniquement leur confère un toucher, une lumière, un équilibre spécifique. Elles sont des objets sculptés, utiles au bien-être du porteur.

Mon métier d’opticienne m’apporte une mise en avant du savoir-faire professionnel, une identification dans la différence et l’unicité et, une réalité non négligeable, une réduction des stocks achetés dormants. »

L’opticienne lunetière présente sa collection depuis 2016 dans les salons internationaux. www.carlaoptique.com/

L’inventivité de la matière, le design et la fierté bretonne en prime

Jean-Philippe Douis, Nantais pure algue (pour ne pas dire pure laine) connaît parfaitement ce que signifie la notion d’identité en Bretagne. En 2010, lorsqu’il a créé son magasin Naoned qui signifie Nantes en breton dans le quartier de Talensac,  l’opticien voulait répondre au mieux aux besoins de ses clients. Ainsi est née la marque qui est d’ailleurs fabriquée entièrement dans la région nantaise.

Mignon

Lunetier designer passionné, Jean-Philippe Douis a choisi de rêver ses montures avant de les dessiner et de les faire fabriquer à la main sur le sol nantais. « J’ai appris à fabriquer des lunettes en me trompant! Il n’y a pas d’école pour apprendre à dessiner des lunettes. Ce sont les ateliers de fabrication qui m’ont transmis beaucoup de leurs connaissances. Les matériaux que je travaille sont le métal, l’acétate de cellulose et un bioplastique à base d’algues. »

Ce bioplastique à base d’algues biodégradables ramassées en Bretagne a été mis au point grâce à la collaboration de l’entreprise Algopak, de Saint-Malo spécialisée dans la «chimie bleue.»

Pour ce lunetier hors normes, le métier d’opticien « est avant tout au service de son porteur. On doit savoir écouter, comprendre les besoins et les traduire en un seul outil qui va partager son quotidien et l’accompagner dans toutes les sphères de sa vie. L’opticien est en quelque sorte un synthétiseur technique, esthétique et social. » www.naonedeyewear.bzh/

Créateur de pièce unique toujours en quête d’exploration –Xavier Christin

Xavier Christin est arrivé dans le métier de la lunetterie en passant par celui de la micromécanique optique. « Je suis “opticien”, car je suis celui qui fabrique les optiques. Au fil des années, je suis devenu opticien-lunetier. Peu à peu j’ai entrepris en autodidacte de fabriquer des lunettes.

En 1994, Jacques Aubert[i] a vu mon travail et il m’a encouragé à concourir pour obtenir le titre de meilleur ouvrier de France. En 1997, j’ai reçu ce titre ainsi que le devoir d’exiger le travail bien fait et le droit de porter la médaille. La micromécanique est la base de ma formation: utiliser toutes les machines généralistes, il suffisait de m’adapter à la production des lunettes, puis de compléter mes connaissances par des échanges avec des industriels, collègues Meilleurs Ouvriers de France (M.O.F).»

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La collection de Xavier Christin se constitue de pièces uniques fabriquées comme il aime l’affirmer pour des personnes uniques. « Je mets ce qu’il me semble de plus esthétique et de plus représentatif de ce que souhaite le porteur. Je travaille tous les matériaux : corne, bois, fibres végétales, acétate, bambou, titane ou acier inoxydable. Mes sources d’inspiration demeurent l’écoute des clients ainsi que mes délires aussi bien techniques qu’esthétiques. Je travaille actuellement sur une lunette où j’assemble de l’ébène, de la corne de buffle blond et du titane. Nous nous inspirons tous de quelque chose! J’aime bien Courrège des années 1965. De plus, l’art décoratif et l’art nouveau, deux styles, très peu utilisés en lunetterie, seront mes prochains projets. Je me différencie de mes confrères lunetiers par la folie des matériaux utilisés, les assemblages innovant sans utiliser la facilité!

Pour moi, le métier d’opticien-lunetier est un beau métier qui se divise en trois parties : esthétique, technique et paramédical. Il n’y a pas d’autre métier avec ces trois composantes. Malheureusement en France, ce métier est devenu une activité commerciale, la vraie technique a disparu même celle de l’enseignement. L’optométrie n’a pas sa place en France comme vous au Canada, les mutuelles (les assurances) sont les donneurs d’ordres, l’opticien-lunetier devient indirectement l’employé des mutuelles. »

Selon Xavier Christin qui est dans le métier depuis plus de quarante ans, « l’avantage de jumeler le métier d’opticien à celui de la lunetterie est de permettre de répondre directement à une problématique technique pour les personnes n’ayant pas une morphologie standard ou à un désir d’unicité esthétique. »  www.xavier-christin-lunetier.com

Romain Perrot, le lunetier du Vercors

« À la base je suis opticien, lorsque j’ai débuté,  j’ai eu la chance d’avoir un magasin tout neuf à gérer J’ai acquis de l’expérience pendant cinq ans et j’ai commencé à m’ennuyer. Je me suis occupé en coupant, limant, façonnant des morceaux d’acétate. D’abord un, puis deux et j’ai cherché à me perfectionner. D’abord avec internet, puis avec d’autres lunetiers. Grâce à mon employeur de l’époque, j’ai pu suivre des formations dispensées par les M.O.F. Ce fut pour moi une révélation.

Réalisation sur-mesure

Ma collection est encore jeune et j’espère l’élaborer à court terme. Pour le moment, toutes les montures sont en acétate de cellulose, avec des charnières à rivets. Bientôt, j’espère pouvoir proposer du combiné en alliant le métal à l’acétate. Je m’obstine à créer des formes différentes, à proposer de la couleur et de l’originalité. Les lunettes que je fabrique ont une identité forte et unique. Je passe énormément de temps à choisir les plaques, les marier avec les formes pour obtenir le résultat voulu. Je travaille à l’ancienne. Mes machines ont parfois deux fois mon âge, je les entretiens moi-même. Je ne fais pas de vente sur internet, car je veux que le porteur puisse bénéficier du conseil d’un professionnel.

Ma vision du métier d’opticien allie la technicité et le savoir-faire. La création de montures permet un autre échange avec le porteur, un autre regard. Le client reconnait le travail manuel et l’artisan qui l’a façonné. Je pense que c’est un vrai plus. » www.lunettesvercors.fr

C Lunettes – Cindy Crasson

Des lunettes fabriquées artisanalement par une opticienne française installée à Montréal depuis presque trois ans. Cindy Crasson, a créé C Lunettes. Elle débute dans sa petite entreprise et propose un vrai service personnalisé de fabrication sur mesure pour ceux qui veulent des lunettes vraiment uniques. « Je n’ai pas de formation en lunetterie, cependant lorsque j’étudiais pour devenir opticienne à l’école de Bures-sur-Yvette, j’ai eu la chance d’avoir un professeur en façonnage qui partait à la retraite. Il a décidé de monter un projet de fabrication d’une lunette de sport avec Gilles Demetz, une référence en lunetterie de sport. J’ai adoré l’expérience. Ensuite, je suis partie travailler en Australie, pour voir une autre façon de faire de la pratique du métier d’opticien. La passion du dessin et de la création m’a rattrapée plus rapidement que j’aurais pu l’imaginer. »

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La création d’une paire de lunettes de A à Z prend environ sept heures, selon l’entrepreneure. Cindy Crasson utilise l’acétate de cellulose et se fournit en matière première chez Jac France et Mazzuchelli. « Les matières premières viennent d’Europe et d’Italie. Il n’y a pas de fournisseurs en Amérique et les plaques de Chine ne sont pas de qualité suffisante. La cellulose se travaille bien. Réchauffée, elle se ramollit, se superpose et permet des collages et de créer à l’infini. »

Les modèles que Cindy Crasson a créés jusqu’à maintenant sont un clin d’œil aux années soixante et soixante-dix. Ils sont disponibles chez Descary & Descary Opticiens et Optométristes à Montréal et certains artistes de la télévision tels que Michel Barette, Anaïs Favron et Isabelle Ménard ont été séduits par ses modèles. Ses projets d’avenir seraient d’ouvrir une boutique atelier où les gens pourraient y fabriquer leurs lunettes sous sa supervision. Facebook.com/c.lunettes

Désir d’y voir – Damien Miglietta

Le concept Désir d’y voir c’est le retour à l’aspect traditionnel du métier d’opticien : artisan lunetier. Un magasin haut de gamme, qui propose plusieurs services inédits, comme la restauration ou le recyclage de montures, mais aussi des services axés sur la création comme l’ajout de touches d’acétate coloré. Damien Miglietta est opticien créateur et lauréat du prix du meilleur artisan à Bordeaux. « Je travaille l’acétate de cellulose. Je me suis mis à faire des lunettes dans le carbone des crosses de hockey sur glace en faisant la face dans la palette de la crosse et les branches dans le manche en faisant attention à conserver le nom du joueur à qui appartient la crosse cassée. Je compte fabriquer des lunettes avec des planches de skate cassées.

Désir d’y voir

Nous avons mis au cœur de nos boutiques, l’atelier création où le client peut assister et participer avec nous à la création de lunettes. Nous proposons à chaque client de venir faire la taille et le montage de leur équipement afin de les rendre acteurs et non spectateur dans leur choix. Nous organisons également des ateliers pour enfants les samedis matin pour les initier au métier d’artisan lunetier et pourquoi ne pas susciter des vocations par la suite? Ils repartent tous avec leur monture et des étoiles dans les yeux.

Nous sommes maintenant franchiseurs et nous nous développons depuis plus d’un an dans toute la France avec l’ouverture d’un cinquième magasin. Nous prévoyons une dizaine d’ouvertures d’ici fin 2018. Nous avons également des demandes ailleurs en Europe et nous souhaitons nous établir en Amérique du Nord afin d’exporter ce côté “Artisan français”. Nous formons personnellement tous nos franchisés à la création et aux services proposés. Le développement à l’international est notre priorité. » www.desirdyvoir.com

La lunetterie semble un métier neuf, presque une jeune entreprise. Il est vrai que ce secteur a à peine 150 ans, alors que l’industrie du textile a plusieurs centaines d’années. Peu de pays en partagent autant l’expertise que la France, alors que celle du vêtement est planétaire. En réaction, sans doute, aux mutuelles qui obligent les opticiens à vendre des montures et des verres selon les barèmes des assurances françaises, plusieurs opticiens ont décidé de sortir des sentiers battus pour proposer une façon de faire créative et personnalisée. Cette proposition enrichie des services de l’opticien gagnera-t-elle le Québec?

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[i] Jacques Aubert, Meilleur ouvrier de France, Lauréat 1986.