À lire – La vision et l’environnement de travail de Benoît Frenette

Par Isabelle Boin-Serveau

Frenette, Benoît. La vision et l’environnement de travail
Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, 2013.

alireProfesseur à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal, Benoît Frenette est reconnu pour son expertise en ce qui a trait à la vision dans un contexte de travail. Jusqu’ici, la seule « bible » abordant le sujet a été publiée en 1993 par deux spécialistes américains, Donald G. Pitts et Robert N. Kleinstein1. Or, depuis 20 ans, de nombreuses innovations technologiques ont bouleversé les habitudes et les conditions de travail. Benoît Frenette a donc saisi l’occasion de mettre à jour les connaissances dans ce domaine, comblant du même coup une absence de référence francophone.

Son ouvrage, véritable manuel didactique, a le mérite d’énoncer clairement les solutions (ou des pistes de solutions), qui seront pertinentes aussi bien à l’endroit des spécialistes de la vue (notamment les optométristes en pratique privée qui reçoivent un vaste échantillon de salariés), des étudiants, des intervenants en santé et sécurité du travail, que des entrepreneurs soucieux du bien-être et de la productivité des employés, etc. Le propos de Benoît Frenette est donc pratico-pratique tout en exposant les multiples problématiques et enjeux que revêt la vision dans l’univers du travail.

Le premier segment s’ouvre sur une présentation anatomique de l’œil et sur les tests de la vue. Si les professionnels de la vue passeront rapidement sur cette introduction, il est à parier que beaucoup d’autres la liront avec profit. Surtout que l’auteur ne perd jamais de vue son objectif qui est d’exposer la situation dans un contexte de travail et notamment les différents tests de vue utilisés dans l’évaluation des capacités visuelles de travailleurs (p. 21).

En première partie, le chapitre consacré à l’éclairage s’avère tout simplement passionnant! Et lorsque l’on mentionne la lumière, on aborde ses multiples corollaires immédiats tels que : « le spectre de radiations »; le calcul du « niveau d’éclairement » des postes de travail; l’évaluation méthodique de l’environnement tenant compte de « l’ergorama, le mésorama et le panorama » (p. 36) – ces zones de travail qui entrent en rapport avec la luminance; etc. Benoît Frenette a d’ailleurs eu la bonne idée d’illustrer toutes ses démonstrations à l’aide de tableaux et croquis éclairant la méthode de calcul du niveau de lumière idéal. S’en suit une démonstration complète des différentes composantes de l’éclairage : description des diverses ampoules et de leur influence sur le rendu des couleurs (p. 47) jusqu’au choix adéquat des luminaires afin de mieux diffuser la lumière en fonction des besoins de l’activité. Toujours dans cette même première partie, l’auteur dévoile des exemples concrets d’intervention dans différentes entreprises : bureau d’avocats, salle de classe, musée et usine. De quoi inspirer des solutions concrètes! Les chapitres sur l’ergonomie, la fatigue oculaire, la détérioration de la vision au travail et l’usage de l’ordinateur poussent l’analyse plus loin dans l’objectif de résolution de problèmes visuels.

Dans la deuxième partie, Benoît Frenette examine plus spécifiquement la protection oculaire. Il dresse le portrait des accidents oculaires au Québec qui concernent annuellement quelque 1 000 personnes (p. 90). Il aborde également les normes de fabrication des lunettes de sécurité et leur spécificité selon les activités des travailleurs. L’auteur consacre un bon nombre de pages à la protection solaire et à la façon de bien choisir une paire de lunettes de soleil avant d’aborder très concrètement l’implantation d’un programme de prévention dans un contexte de travail et le rôle que peut y jouer l’optométriste. Benoît Frenette n’hésite pas à rappeler l’épineux problème de l’interdiction des lentilles cornéennes qui semble prévaloir dans les milieux de travail. Après avoir décrit les avantages et les inconvénients du port des lentilles cornéennes, il conclut qu’il « pourrait même avoir un effet protecteur » tout en ajoutant qu’il faut surtout bien « encadrer le port des lentilles cornéennes » (p. 151).

Enfin, la troisième et dernière partie décrit les aptitudes visuelles requises pour certaines professions, les avantages et les risques du laser. L’ouvrage se termine par une annexe composée de deux aide-mémoire, un pour les intervenants en milieu de travail (p. 181) et un autre pour les spécialistes de la vue (p. 183). Avec ce manuel, les lecteurs n’auront plus aucun doute quant à la portée significative de l’expression « bien voir », celle qui justement « peut faire la différence entre la sécurité et l’accident, entre le confort et l’inconfort, entre la productivité et l’inefficacité » (p. 25). La vision et l’environnement de travail s’affirme sans contexte comme LA référence dans le domaine.

1. Pitts, D.G. et R. N. Kleinstein, Environmental Vision : Interactions of the Eye, Vision, and the Environment. Oxford : Butterworth-Heinemann Elsevier, 1993.

Isabelle Dalmon et Clément Fagès Disciples d’une longue tradition lunetière

Par Isabelle Boin-Serveau

entrevue
C’est dans le bureau au design très inspiré de VU (pour Vision Ultime) à Beauport que s’est déroulé la rencontre avec le jeune couple d’opticiens originaires de France. Certes, Isabelle Dalmon et Clément Fagès ne sont pas les seuls ressortissants de l’Hexagone à avoir choisi de vivre au Québec, tant la province sait séduire par ses qualités d’accueil, mais ils figurent sûrement parmi les plus chanceux à s’être intégrés aussi rapidement et aussi bien dans la société québécoise.

Une intégration parfaite qui doit beaucoup à leur ouverture et à leur manière passionnelle d’envisager l’exercice de la profession d’opticien. Et quand on a la chance d’avoir un ami qui s’appelle Richard Giguère et qui saura être là pour les aider à s’installer, on comprend que le destin d’Isabelle et Clément est placé sous les meilleurs auspices!

Dans la capitale française de la lunetterie

Tous les opticiens connaissent la petite, mais iconique, commune de Morez, située dans le Haut-Jura, qui abrite un musée unique au monde, celui de la lunette. Dans ce coin enserré au creux des plis du massif jurassien, se concentre la prestigieuse élite de la lunetterie française. Et là-bas, on ne badine pas avec les lunettes… Le lycée Victor-Bérard exige d’ailleurs de ses étudiants rigueur et discipline (presque militaire) tout au long des deux années que dure l’apprentissage en lunetterie. Outre l’enseignement de cette discipline, le lycée accueille des étudiants en génie optique qui percent les secrets de l’optique instrumentale ou de la photonique. Dans ce bouillon de culture, qui sait réchauffer les longues soirées d’hiver montagnard, Isabelle et Clément ont apprécié les exigences d’un enseignement strict tant ils avouent avoir été saisis, dès leur arrivée, par la contagieuse passion de la lunetterie. D’ailleurs là-bas, on ne tolère pas les élèves trop tièdes ou trop excités… De la mesure en toute chose et de l’art maîtrisé avant tout!

Le couple de trentenaires décrit avec enthousiasme son séjour d’études qui aura aussi vu éclore une relation amoureuse. Les yeux brillants, ils évoquent leurs passages fréquents dans les ateliers de manufactures lunetières (celles de L’Amy mais aussi de Morel, et d’autres plus petites) pour observer les ouvriers travailler, le minuscule laboratoire sous les toits d’une grange d’un coloriste génial, le son des tonneaux de polissage dans le froid glacial de l’hiver, les conversations animées entre les étudiants soudés par la même passion, le premier taillage à la main sans meuleuse électrique qui leur a permis de ressentir la résistance du verre, les inlassables répétitions manuelles pour parvenir à maîtriser le geste de l’artisan, etc. « C’était l’endroit idéal pour apprendre des choses qu’on ne voit nulle part ailleurs! » affirment-ils avec fierté. Parce qu’à l’instar de leurs camarades, ils partagent un attachement indéfectible envers leur école. Des camarades qui appartiennent pour la majorité aux grandes familles de lunetiers et avec lesquels Isabelle et Clément ont su tisser des liens serrés « même s’ils avaient bien sûr une longueur d’avance sur nous» puisqu’ils étaient nés dans le berceau de l’optique… Car, a priori, rien ne prédestinait Isabelle et Clément à devenir opticiens!

Les révélations : entre hasard et déboire

Clément doit tout au hasard qui a placé un bureau d’opticien sur son chemin au lieu d’une boutique de bijoutier : « C’était au secondaire, dans le cadre d’un stage de découverte en entreprise. Je me suis arrêté à la première boutique, celle de l’opticien avec lequel j’ai bavardé longuement. Il m’a accepté en stage et j’ai eu la révélation! Cela correspondait à mes aspirations : j’avais envie d’être en contact avec le public mais aussi de réaliser des travaux manuels… » Désormais, il était clair que l’adolescent, qui vit alors en Ardèche, ira prendre plus tard la route de Morez. Aujourd’hui, il l’affirme : « Je ne me vois pas travailler dans un autre domaine! »

Isabelle, qui a suivi ses parents dans le sud à Montpellier après avoir vécu en région parisienne, a toujours pensé devenir médecin. Malheureusement, après deux premières années en faculté de médecine, l’université ne l’autorise pas à continuer : « J’étais totalement déçue et vraiment déprimée… C’est alors que ma mère m’a parlé de l’École de Morez et m’a fait remplir un dossier d’inscription alors que je ne connaissais rien à la profession d’opticien. En fait, je n’avais même pas envie d’y aller… Et puis, j’appréhendais de m’y retrouver, moi qui ai toujours vécu dans de grandes villes…» Isabelle avait tort puisqu’elle aussi va développer une véritable passion pour la lunetterie. Aujourd’hui, elle l’avoue avec sincérité : « Je remercie la faculté de médecine de ne pas m’avoir sélectionnée! »

De l’apprentissage à la pratique

Ils savaient qu’ils ne sauraient « rien » en sortant de l’École… et que c’est « en forgeant que l’on devient forgeron ». Tous les deux séduits par la polyvalence de la profession, ils demeurent attachés à la noblesse du travail artisanal de l’opticien qui demande précision, dextérité et débrouillardise : « Il faut apprendre à apprendre, avoir de la patience et réfléchir sans cesse en fonction des situations… Nous exerçons vraiment une profession basée sur un mode transmission, car chaque opticien peut en apprendre d’un autre sur la base de son expérience personnelle. »

Diplômés en 1999 et mariés en 2000, Isabelle et Clément exercent séparément dans la région de Montpellier où ils se sont établis. Ils commencent ainsi à engranger des expériences uniques et multiples, dans des bureaux indépendants, mutualistes et dans des chaînes. Et lorsqu’ils se retrouvent le soir, c’est sur le thème de l’optique qu’ils échangent encore… Comme l’on dit au Québec, « ils en mangent »! Mais pour eux, ce n’est pas un problème : « Nous avons l’avantage de partager la même passion et de comprendre les problématiques auxquelles nous devons faire face… » L’un et l’autre constituent une vraie team axée sur un service de qualité et le respect du client. « Nous sommes capables d’expliquer la beauté d’un objet aussi essentiel qu’une paire de lunettes », disent-ils de concert, « peut-être parce que nous savons reconnaître le véritable travail et que nous pouvons expliquer au client les étapes de fabrication de certaines montures et souvent en justifier le prix. Les gens sont friands d’information! » Ils ne nient d’ailleurs pas avoir une considération puriste de leur métier dans laquelle l’attention et le temps consacrés au client ne sont pas « négociables ».

En 2002, leur fille Emma voit le jour et le couple semble destiné à s’enraciner dans l’Hérault. Quatre ans plus tard, l’opticien, chez lequel travaille Isabelle depuis plusieurs années, prend sa retraite. Pour le jeune couple, la perspective de reprendre le bureau est alléchante… en fait, Isabelle en rêvait. Cependant, l’affaire ne pourra se conclure faute d’entente sur le prix de vente. Face à cette déconvenue et puisque le marché de l’optique dans leur région s’avère saturé, Clément propose un départ vers d’autres horizons plus prometteurs. S’exiler pour le nord de la France? L’idée ne les séduit pas vraiment. C’est alors que Clément suggère le Québec en souvenir d’un voyage d’été effectué dans sa jeunesse. Isabelle est sceptique, « on avait une maison, de bons salaires »… mais accepte d’aller voir.

Le Québec, la voie de la réussite

C’est en cherchant des annonces immobilières à Québec que Clément tombe sur des annonces de l’opticien Richard Giguère qui possède, à ce moment-là, de multiples succursales dans la région de la Capitale nationale. Une adresse courriel suffira pour établir et entretenir le contact. Isabelle et Clément veulent faire un voyage de repérage, mais rien n’est encore très certain. Lorsque Richard Giguère et son épouse se rendent dans la région de Montpellier, Clément les invite pour faire connaissance. « Le courant est passé immédiatement! Quelques jours plus tard, on s’est retrouvé à Paris, au Silmo et on a passé la fin de semaine ensemble. Au-delà d’une rencontre avec un opticien c’était une amitié qui venait de se créer », explique Isabelle.

Richard Giguère sera là en 2007 pour les accueillir et leur faire visiter le Québec. Complètement séduits par les perspectives d’une future installation, ils tiennent à s’assurer que leur fillette de 5 ans embarque dans ce projet : « On lui a dit qu’on allait vivre différemment, moins travailler et passer du temps de qualité avec elle. Ici, il y a tellement plus de flexibilité dans les commerces. Et Emma a dit oui! » Dans l’avion qui ramenait la petite famille, un rêve était en train de devenir réalité.

C’est en juillet 2009 que commence l’aventure en Boréalie. Entre allers et retours à Montréal pour obtenir leur équivalence et le travail chez Giguère, les deux jeunes opticiens découvrent la société québécoise : « On a senti une belle ouverture. On s’est très bien acclimatés et nous avons vite créé un cercle d’amis… On a trouvé que la vie est plus simple qu’en France, que les relations entre les gens sont claires et puis, Emma s’est merveilleusement adaptée à cette nouvelle vie. Notre présence ici est une réussite à tous les points de vue! »

Aujourd’hui, ils travaillent dans la même succursale VU, une chaîne qui appartient à l’optométriste Éric Savard avec lequel le couple partage des valeurs centrées sur la qualité du service. Et demain? Isabelle et Clément se laissent guider par un destin qui les a si bien servis jusqu’à présent…

Nouvelle génération de lentilles cornéennes souples à « usage unique »

Par Frédéric Gagnon, O.D., FAAO et Marie-Christine Boutin

lentillescorneennesDepuis quelques années, les avancées technologiques des départements de recherche et développement des compagnies de lentilles cornéennes sont incluses dans des nouveaux produits destinés au segment de marché des lentilles à remplacement journalier. Force est de constater que les progrès et l’avenir de l’industrie en lentilles cornéennes se feront dans la modalité de remplacement journalière.

Objectif confort

Pourquoi en sommes-nous arrivés à pousser de l’avant les lentilles à remplacement journalier?

Tout d’abord, la quête pour résoudre l’inconfort en lentilles cornéennes a amené les chercheurs à se pencher sur l’interaction entre les solutions et les lentilles, principalement les lentilles d’hydrogel de silicone. Ces recherches ont démontré la présence de piqueté cornéen pouvant varier selon le type de solution, mais aussi selon le type de lentille cornéenne utilisée. Ainsi sont apparues la fameuse grille d’Andrasko et les travaux de l’étude IER Matrix. Parallèlement, les avancées dans la recherche et le traitement de l’épidémie du syndrome de sécheresse oculaire nous ont amené à réfléchir à l’exposition d’irritants sur la surface oculaire. Ainsi, nous pouvons nous demander si le meilleur système d’entretien serait de ne pas en utiliser. Mais si on souhaite un confort à long terme, il est logique d’exposer l’œil à des agents de conservation et de nettoyage contenus dans les solutions d’entretien pouvant causer du piqueté cornéen.

D’autre part, les études récemment publiées sur l’observance aux recommandations relatives aux lentilles cornéennes sont désastreuses. Elles nous disent que nos patients n’utilisent pas adéquatement leurs systèmes d’entretien de solution. Ils adoptent des comportements risqués tels que ne pas remplacer leur étui, ne pas frotter leurs lentilles et niveler le volume de leur solution en en ajoutant plutôt qu’en la remplaçant tous les jours. De plus, ces études nous démontrent qu’un nombre significatif de patients ne respectent pas les modalités de remplacement des lentilles recommandées, contrairement aux lentilles à remplacement journalier qui obtiennent un bon résultat. En sachant que la majorité (pour l’instant) des porteurs de lentilles cornéennes journalières le font en port occasionnel, on peut se demander si ces statistiques seraient aussi prometteuses pour ceux qui en portent plus régulièrement. Puisque la modalité de port quotidien (i.e. presque tous les jours de la semaine) est appelée à augmenter dans le segment des lentilles cornéennes à remplacement journalier, l’avenir nous dira si ces statistiques tiendront la route. En attendant, il peut être bon d’adopter dès maintenant le terme de lentille cornéenne à « usage unique » pour inviter nos patients à jeter leurs lentilles plutôt que de les réutiliser le lendemain. On peut aussi leur suggérer de les plonger dans une solution le temps d’une sieste.

Les dernières innovations technologiques

Après le lancement de ses produits en hydrogel de silicone, CooperVision a converti son matériel biocompatible, l’omafilcon, dans le lancement de la lentille Proclear 1 day. Malgré toute la mauvaise presse du piqueté cornéen causé par les solutions d’entretien en hydrogel de silicone, plusieurs professionnels de la vision attendaient néanmoins avec impatience la venue d’une lentille à remplacement journalier dans cette catégorie de matériel.

Pour sa part, Vistakon a lancé la première lentille journalière en hydrogel de silicone, la 1-DayMDAcuvue TruEyeMD. L’industrie a réussi à commercialiser une toute nouvelle façon de concevoir la technologie des matériaux par le récent lancement de deux nouveaux produits. Depuis quelques mois déjà, Baush+Lomb propose une lentille à usage unique, la Biotrue ONEday. Inspirée de la biologie oculaire, celle-ci contient le même pourcentage d’eau que l’œil (78 %) en plus d’offrir un matériel qui imite le contenu des larmes, l’HyperGel. Afin d’offrir un produit qui se distingue de tous les autres, la couche externe de la lentille BioTrue ONEday est fait d’un matériel similaire à la couche lipidique naturelle de l’œil. D’autre part, la lentille inclut une correction des aberrations optiques selon la prescription, en plus d’une protection UV, un élément que les patients de plus en plus informés recherchent.

La compagnie Alcon a également présenté sa nouvelle lentille en silicone d’hydrogel, la DAILIES® TOTAL1. Son design unique permet un gradient d’humidité qui fait varier la teneur en eau de 33 % au centre vers la surface de la lentille à plus de 80 %. Avec cette nouvelle technologie, elle glisse mieux sur l’œil par une diminution de son coefficient de friction. Bien que cette lentille prenne de l’expansion en Europe, elle est encore peu disponible chez nous.

Vers une meilleure pratique en lentilles cornéennes

Pour les professionnels de la vision, le confort de leurs clients porteurs de lentilles cornéennes est tout aussi important que leur santé oculaire. En leur conseillant d’utiliser cette modalité à usage unique, on peut espérer que ces lentilles contribueront à diminuer les risques de complications tout en améliorant le confort de leur expérience. Et si on considère le meilleur respect de la modalité de remplacement, ce choix de lentilles cornéennes est un puissant argument de rentabilité des pratiques.

Des études de marketing démontrent que nos patients sont prêts à débourser un montant significativement plus élevé pour leurs lentilles cornéennes. Afin de faire une comparaison équitable, présentez les prix d’approvisionnement annuel en incluant le prix des solutions. Il se chiffre autour d’une centaine de dollars si un usage adéquat des bouteilles était fait, soit la jeter un mois après son ouverture. Cette méthode de présentation permet de désamorcer plusieurs résistants au changement des lentilles à remplacement fréquent vers l’usage unique. Désormais, les différentes compagnies nous offrent des options pour nous aider à orienter nos patients vers les choix de lentilles cornéennes qui leur conviennent le mieux.

Seuls les gagnants forment leurs employés

Par Didier Reinach

marketing

 

Avez-vous déjà vu une équipe de soccer ou de hockey gagner sans s’entraîner?

Croyez-vous qu’en triturant les prix, en faisant du deux pour un, en faisant de la publicité dont vous ne connaissez pas ou peu la rentabilité, vous allez développer votre point de vente?

Qu’est-ce qui fait la différence entre vous et vos compétiteurs?

  • La taille de votre publicité?
  • Vos heures d’ouverture?
  • Les choix de verres et de montures?
  • Le décor de votre boutique?
  • Vos prix?

Croyez-vous que votre confrère à quelque distance de chez vous n’est pas capable d’en faire autant?

Qu’est-ce qui fait votre différence, votre force d’attractivité?

Vous pouvez avoir les meilleurs prix, les plus belles collections de montures, un décor magnifique, mais si l’accueil est « poche », l’ambiance quelconque, le niveau de discours moyen, les comportements bas de gamme, l’organisation inexistante, l’implication des employés égale à zéro, la motivation dans le tapis et les compétences techniques absentes… Certes, j’exagère volontairement. Je ne pense pas qu’un seul optométriste ou opticien connaisse autant de problèmes.

Toutefois, alors que nous sommes en pleine mouvance sociologique, alors que les consommateurs évoluent vers d’autres paradigmes, tous autant que nous sommes, nous continuerons à porter des lunettes, à avoir besoin d’y voir clair…

Quitte à être obligé de dépenser, j’ai personnellement envie d’être accueilli avec un sourire, de parler avec une personne qui s’exprime correctement, qui connaît son métier, qui me pose les bonnes questions, qui me donne les bonnes réponses. Une personne qui a des comportements professionnels. Une personne qui prend en compte mes besoins visuels, mes besoins psychologiques.

J’ai envie de trouver en face de moi une équipe auprès de laquelle je ressens non seulement de l’empathie, mais aussi du savoir-faire et du savoir-être. Bien sûr, tout cela ne se construit pas en trois jours.

Dans une entreprise de service, l’être humain est au cœur de la réussite. Les entreprises qui connaissent une croissance forment leurs employés en moyenne six jours par an. Ceci représente 3 % du temps travaillé. Certainement beaucoup moins que le temps que nous perdons tous chaque jour à procrastiner, à régler des problèmes, à réparer des erreurs, à tenter parfois vainement de récupérer des clients mécontents.

Savez-vous combien vous perdez de clients chaque année? Vous savez, ces clients dont on n’a aucune nouvelle, qui ne reviennent pas, qui disparaissent sans nous dire pourquoi.

Savez-vous que 80 % des gens qui ne reviennent pas ont pris la décision de vous quitter à cause d’une mauvaise expérience relationnelle?

Savez-vous qu’un client insatisfait peut polluer son entourage et contaminer jusqu’à 65 personnes en moyenne?

Si donc vous pensez toujours que la formation ne sert à rien, que développer les compétences relationnelles, enseigner les techniques de vente, apprendre à travailler en équipe, se mettre à jour en matière de style, de mode, de marketing est du temps perdu, laissez donc vos concurrents passer devant.

La formation est un outil marketing; c’est un budget marketing; c’est un investissement.

N’oubliez jamais que plus vous investissez en publicité et en communication, plus l’attente des consommateurs est importante.

Si, dès le moment où le consommateur met le pied dans votre point de vente, les comportements, le discours, les valeurs et la culture sont d’un niveau médiocre, vous créerez une énorme déception qui aura pour conséquence de vous faire perdre immédiatement les bénéfices de votre investissement publicitaire.

Posséder un beau bateau est une chose, avoir un équipage capable de le mener à bon port en est une autre.

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance. »

Abraham Lincoln

Silmo 2013 Lunettes architecturales

Par Marie-Sophie Dion, O.O.D.

dossierL’architecture est un art qui sait traduire les élans de créativité de l’être humain. Je crois que le véritable génie créateur, visionnaire ou esthétique, ne se développe pas sur les bancs d’école mais mûrit lentement dès les premiers instants de la vie. Les yeux des créateurs, tels des radars, enregistrent une multitude d’images pour les transcender en un nouveau décor ou un nouvel objet. Personnellement, j’adore ces éclairs de génie-là sans lesquels la vie, rythmée par le train-train quotidien, serait monotone et terne. Il m’est souvent arrivé de penser que si j’avais dû me cantonner à vendre des montures trois pièces ou classiques, je me serais dirigée vers l’architecture. Mais heureusement le travail d’opticien me comble en me permettant même de jouer à l’architecte du visage…

Au Silmo 2013, j’ai eu le privilège de rencontrer trois hommes qui ont révolutionné le monde des montures, métamorphosant les lunettes en un objet architectural. Et j’ai eu le grand plaisir de recueillir leurs confidences et d’admirer leurs prototypes.

Ron Arad

Né en 1951, Ron Arad a étudié à Jérusalem, au Bezalel Academy of Arts and Design. ParRon Arad la suite, il a entamé sa formation à l’Architectural Association School of Architecture de Londres, en 1979. Entre le début de sa carrière et l’ouverture de son studio en 1981, il a travaillé sur plusieurs projets personnels avant d’obtenir son premier contrat avec Vitra, un fabricant suisse de mobilier design. C’est à ce moment-là qu’il a connu un réel succès avec la chaise Tom Vac.

Ron Arad a pu exprimer son talent au sein de compagnies aussi diverses que Magis, Kartell ou Moroso. Avec cette dernière, il remportera un succès retentissant grâce au fauteuil The Big Easy fabriqué en mousse de polyuréthane injecté et moulé. L’objet a ensuite été décliné en métal rutilant, ce qui lui a valu une belle couverture de presse dans les médias du design architectural.

En 1989, One Off Ltd, sa firme londonienne connue, a pris le nom de Ron Arad Associates. Avec la nouvelle appellation, Ron Arad a aussi élargi ses horizons, se tournant vers les objets décoratifs, tout en continuant le design mobilier et immobilier. Le designer a signé la conception de plusieurs édifices, en Israël notamment, avec le foyer de l’opéra de Tel Aviv ou le Musée du design à Holon.

Au Silmo 2012, son espace de présentation a attiré mon attention tant il se démarquait vraiment de tous les autres. Excentrique, grandiose, j’ai eu un coup de cœur pour ces objets qui ressemblaient à peine à des montures de lunettes.

Cette année, j’ai osé lui demander la raison qui l’a poussé à dessiner des modèles de montures: « C’est Assaf Raviv, un homme d’affaires très déterminé, qui m’a harcelé pendant plusieurs mois pour que j’embarque dans son projet. Il voulait fabriquer des montures inusitées, pensées par un architecte qui n’a aucune idée préconçue pour réaliser un concept innovateur. Il a fini par me convaincre et m’a donné le goût de m’intéresser au domaine de l’optique-lunetterie… »

Ron Arad a tout d’abord visité une fabrique de montures tout près de son atelier anglais, à Camden. La General Eyewear est une usine qui a appartenu à plusieurs générations d’opticiens-lunetiers : « C’est un véritable musée! On y trouve une sélection de plusieurs dizaines de milliers de montures datant de 1900 à 1999. » C’est là qu’il a découvert les rudiments du métier de lunetier qui lui étaient complètement inconnus.

Il a dessiné ensuite plusieurs modèles pour la collection PQ by Ron Arad, dont seulement une petite partie a été produite jusqu’à maintenant. Car l’objectif est de laisser le temps aux acheteurs de se familiariser avec le concept insolite. « There are very few NEW ideas in the world of glasses, so we started designing PQ to do something NEW. » Voilà l’idéologie derrière cette impressionnante collection.

Interrogé sur ses modèles favoris, Ron Arad répond que « Archway et Angel, introduits au printemps 2013, représentent tellement bien l’avantage du nouveau procédé d’impression 3D. Les branches flexibles sont mobiles et confortables à porter, et je suis particulièrement fier de cette avancée technologique ».

Dzmitry Samal

Originaire de Biélorussie, c’est pourtant à la Scuola Politecnica di Design de Milan que Dzmitry SamalDzmitry Samal a fait sa maîtrise en design automobile. Ce qu’il ne m’a pas dit lors de notre rencontre au Silmo, c’est qu’après avoir terminé ses études à la Belarusian Technical University, puis à la Belarusian National State Academy of Arts, il a obtenu une bourse de grande distinction de la part d’Audi qui lui a permis de parfaire ses connaissances en Italie.

Dzmitry Samal a obtenu son premier contrat en carrière comme designer intérieur/extérieur pour Alfa Romeo à Milan. Outre Alfa Romeo, il a travaillé sur des concept cars pour Renault à Paris. « J’ai ensuite conçu des meubles (tables, fauteuils) pour une galerie contemporaine parisienne située avenue de Suffren », ajoute-t-il. Il excelle aussi dans la création de tables au style très étonnant qui intègre la forme de certaines parties du corps humain en guise de support. Des étagères colorées qui semblent s’enfouir dans le sol et dans les murs attirent l’attention de plusieurs acheteurs qui deviennent vite amateurs de son style ludique. Oxoye Chair, dessinée pour la firme Soca et présentée à Milan au iSalone 2011 ainsi que Parallel World pour la société V2 Design, lui ont permis de gagner plusieurs prix prestigieux.

C’est en 2011 que le designer a créé la société SAMAL Design, basée à Paris. Il commence alors le design d’une collection de lunettes futuristes au style excentrique. À l’été 2013, il lance sa première série limitée de montres en béton qui a tout de suite trouvé sa place dans la boutique colette Paris, temple de prédilection pour les dernières tendances internationales.

À ma question sur ses préférences, Dzmitry Samal avoue qu’il a de la difficulté, « chacune raconte sa propre histoire. Je travaille en étroite collaboration avec des ateliers français et m’implique totalement depuis la conception, la fabrication des prototypes jusqu’à la présentation des modèles dans les salons professionnels. Mais s’il faut vraiment choisir, ce serait le 5DPI : un modèle emblématique, à l’origine de la société, qui a évolué avec elle et pour lequel je suis reconnu [et malheureusement copié] ».

Le designer explique sa démarche: « Au début, j’ai lancé un concept : un objet virtuel inspiré des jeux vidéos des années 80, très graphique, la future 5DPI. Face aux demandes des internautes, j’ai ensuite cherché un fabricant français qui allie savoir-faire, qualité, souplesse et inventivité. » Dzmitry Samal révèle aussi la philosophie qui préside à sa démarche : « J’espère créer avec mes lunettes des objets feel good qui rendent le sourire aux gens. »

Ce qui l’a poussé à créer des lunettes? Dzmitry Samal confie qu’il a toujours aimé « dessiner l’avant des carrosseries, et singulièrement les phares qui donnent une expression à la voiture. De là, mon intérêt pour les lunettes. Et le gros avantage avec les lunettes, c’est que je pouvais concevoir et développer cet objet personnellement de A à Z, contrairement à mes projets de design automobile qui nécessitaient de multiples interlocuteurs. »

Aujourd’hui, sa collection de montures comporte 17 modèles regroupés en trois grandes familles : Pixels, Intersections (de formes géométriques) et Métropoles (plans de ville, détails architecturaux) qui mélangent inspiration futuriste et romantisme rétro eighties.

Au Silmo 2013, Dzmitry Samal a présenté cinq nouveautés : Gaspard et son architecture parisienne « à la Eiffel »; Louis et ses motifs géométriques comme un élément de signalétique urbaine; Hublot et son côté industriel; Sandro, fleur de bitume, rose des villes, un brin de poésie citadine; et Laurent inspiré par… moi. « Mon modèle favori est forcément Laurent, inspiré par une certaine…. Marie-Sophie Dion! » J’avoue que c’est tout un honneur et je le prends en riant…

Philippe Starck

Philippe Starck, architecte français, est né le 18 janvier 1949 à Paris. Il a fait ses études àphilippe starck Notre-Dame Sainte-Croix à Neuilly et à l’École Camondo de Paris. Cet homme est un « monstre » du design, connu non seulement pour avoir participé à des milliers de projets architecturaux à travers la planète, mais également pour ses nombreuses créations de biens de consommation courante.

Je n’ai malheureusement jamais eu la chance de le rencontrer, mais j’admire son style et je tente constamment de croiser ses œuvres en visitant les hôtels qu’il a admirablement conçus. Les hôtels Paramount, Hudson, Royalton, Mondrian Soho de New York, pour ne nommer que ceux-là, nous transportent avec leur décor dans un univers où nous devenons les héros d’un conte de fée. Et que dire du Delano de Miami où on découvre sur le chemin qui mène à la longue piscine bordée de cabanas blancs des objets surprises cachés derrière des buissons?

En 1996, Alain Mikli lui propose de travailler avec lui. C’est ainsi que la ligne de lunettes Starck Eyes a vu le jour. Pour démarrer cette collection, le designer a créé une révolution technologique en mettant au point la « biolink » : la première charnière sans vis dotée des particularités mécaniques d’une clavicule humaine…

Quelle était l’intention mise de l’avant dans cette série de montures? Confort, protection, longévité. Avec cela, un néologisme a fait son apparition : « Le bionisme, c’est s’inspirer de l’organique pour créer des technologies mieux adaptées à l’humain », explique Philippe Starck. Sobres, raffinées, sans prétention, ces montures métalliques ont su séduire les opticiens amateurs de ce genre de trouvailles techniques. La clientèle masculine, surtout, fut impressionnée par cette branche de lunettes qui pouvait s’ouvrir et se tourner dans tous les sens sans se briser.

En 2003, la collaboration Mikli-Starck donnera naissance à une collection nommée Bimatière, alliant acétate et métal. En 2005, le lancement de la collection ALUX, qui, comme son nom l’indique, utilise l’aluminium comme matière première, se fait remarquer par ses couleurs pastel et vives. « L’aluminium est ma matière fétiche… j’aime sa légèreté, sa résistance, son aspect velouté », explique Philippe Starck.

La plus récente collection Starck Eyes, retro biocity, est un clin d’œil aux formes populaires des années 60. Ces montures sont conçues en acétate dans des coloris classiques de noir et de brun et viennent inévitablement dotées de la charnière flexible brevetée qui l’a rendu célèbre.