Dre Dominique Meyer: Une vision d’exception

Par Isabelle Boin-Serveau

entrevueDepuis 14 ans, Martine Barbeau occupe le poste de directrice générale de l’Institut privé de chirurgie et œuvre aux côtés de Dominique Meyer. « Visionnaire et charismatique » sont les termes qu’elle a spontanément trouvés pour décrire la fondatrice d’une entreprise florissante qui a pignon sur la Grande Allée de Québec. En l’interrogeant davantage, il est apparu très clairement que même les exigences de la « dame exceptionnelle » étaient tempérées par de belles qualités humaines.

Aux prédispositions supérieures répond le plus souvent un destin remarquable. Celui de Dominique Meyer commence à Baie-Comeau, lieu de travail où son père ingénieur ne restera que deux années avant d’installer sa famille, composée d’une deuxième petite fille, dans la ville de Québec.

Source d’inspiration

Le couple, formé par ses grands-parents paternels, aura chromosomiquement marqué sa vocation. Un couple qui n’avait rien d’ordinaire. Imaginons plutôt un chirurgien d’origine alsacienne qui, dans les tranchées ou sur les champs de bataille, au plus fort des combats, s’implique sans relâche pour sauver les soldats français au cours des deux dernières guerres mondiales… Visualisons encore une sage-femme dans les hôpitaux parisiens durant la Seconde Guerre mondiale réveillant son mari en pleine nuit pour une césarienne…

« C’étaient des personnes entièrement dévouées à la médecine… Ils ont travaillé en étroite collaboration pendant des années, mais c’est surtout ma grand-mère qui représente la personne la plus significative de mon existence… », raconte Dominique Meyer. Le couple quittera finalement la France pour s’établir à Washington. Leur fils étudiera cependant à Montréal « pour ne pas perdre son français ». Il choisira l’Université Laval pour suivre ses études en génie et c’est à Québec qu’il rencontrera sa future épouse.

Le goût de se surpasser

« C’est fondamental. Ce qui détermine ce que tu deviens, c’est le goût de se surpasser », croit Dominique Meyer qui a commencé très tôt à illustrer cette certitude en érigeant une carrière à la hauteur de ses aspirations.

L’ophtalmologiste albertain Howard Gimbel aura une forte influence sur la jeune étudiante en médecine : « Il a été le grand manitou de la pratique privée au Canada… et je me disais qu’un jour, je serai comme Gimbel! » Outre ses innovations en chirurgie ophtalmologique, il deviendra, en 1984, le premier Canadien à fonder un centre privé de santé de l’œil : le Gimbel Eye Centre à Calgary. Sa grand-mère et Howard Gimbel, se révèlent ainsi les deux modèles qui guideront le destin professionnel de Dominique Meyer : « En fait, je m’aperçois combien rétrospectivement nos décisions épousent notre idéal… »

Mais pourquoi la chirurgie? « Parce que c’est une profession gratifiante dont on peut apprécier le résultat immédiat. De plus, cela me nourrit de savoir que mes patients apprécient ce que je fais pour eux… c’est un carburant nécessaire qui me permet d’avancer. Et puis, j’ai toujours été fascinée par la chirurgie au microscope… », dévoile Dominique Meyer qui se souvient que durant ses études de médecine l’ophtalmologie lui trottait déjà dans la tête.

Du public au privé

Au début des années 1990, Dominique Meyer et Christian Deschênes, tous deux fraîchement diplômés en ophtalmologie prennent la route de l’hôpital de Chicoutimi : « Un super hôpital qui nous offrait l’opportunité de travailler ensemble et d’implanter les nouvelles techniques dans le domaine… Nous nous sommes occupés à tour de rôle de la chefferie du département d’ophtalmologie et plus tard, j’ai pris le contrôle de toutes les chirurgies. J’avais 30 ans, des idéaux et je voulais mettre l’hôpital de Chicoutimi sur la carte! » Finalement, Dominique Meyer fait bouger « la cabane » des chirurgiens et lutte pour obtenir davantage de temps opératoire…

La situation ne s’améliorera pas dans le système de santé public et le temps consacré aux chirurgies se met à ressembler à une peau de chagrin. Pour assouvir sa passion, Dominique Meyer décide, avec un collègue oto-rhino-laryngologiste, d’ouvrir une clinique de chirurgie esthétique. Le laser CO2 venait de sortir, promettant monts et merveilles : «Grâce à la réalisation de ce projet, j’ai pu avoir tout le temps opératoire que je souhaitais! »

La réputation de sa clinique dépasse bientôt la région de Chicoutimi. Un collègue, Ghyslain Boudreault, qui aura vent de son expertise en blépharoplastie, l’exhorte à venir faire quelques opérations dans sa clinique de Québec. Dominique Meyer accepte, mais les allers et retours qui l’éloignent de son jeune enfant finiront par la lasser. Ghyslain Boudreault l’incite à le rejoindre de façon permanente et à quitter définitivement le système de santé public. « La pomme était mûre », lance-t-elle. La chirurgienne, deuxième version, se lance avec passion dans l’aventure de l’entrepreneuriat.

La liberté d’entreprendre

Son désengagement du système public ne se passera pas sans remous. « Certains collègues ne m’adressaient plus la parole… On me snobait dans les congrès… Certains se réjouissaient à l’avance de me voir tomber… », se remémore Dominique Meyer qui reconnaît avoir été affectée par ces rejets même si elle a toujours été persuadée d’avoir pris la meilleure décision.

« Ma façon de faire des affaires a toujours été très instinctive, mais j’ai aussi découvert que j’avais des qualités d’organisation et une très grande confiance en mes moyens. Et puis, je suis une passionnée dont l’objectif est d’apporter une dimension très humaine à la médecine », s’exclame-t-elle avec chaleur.

Et dans son Institut de chirurgie privé, «le patient paie pour une qualité totale avec en prime le tender loving care qui va avec…» De la prestation aux produits, tout doit correspondre aux normes les plus élevées, sans aucun compromis.

Outre le nombre croissant de patients, Dominique Meyer a développé une vision à  la fois intuitive et rationnelle de son entreprise : « J’ai d’abord concentré ma pratique sur les chirurgies de la cataracte et sur les chirurgies des paupières. Et puis, il s’est avéré que pour répondre à plusieurs besoins exprimés par la clientèle, il fallait diversifier l’offre de services. » C’est ainsi que plusieurs disciplines médicales se côtoient à l’Institut qui compte désormais une dizaine de médecins et une vingtaine d’employés. Andropause, ménopause, médecine familiale, hypertension, orthopédie figurent parmi les soins médicaux proposés aux côtés d’une kyrielle de soins en esthétique.

Dans le courant de l’année 2013, Dominique Meyer va devoir agrandir son local pour ajouter d’autres cordes à son arc avec des services oncologiques adaptés sur mesure aux malades ou aux convalescents. Un nouveau projet qui l’enthousiasme au plus haut point. Parce que chirurgienne ou femme d’affaires, Dominique Meyer n’a pas fini d’assouvir son impérieux besoin de dépassement et d’excellence. Et c’est bien tant mieux pour les patients…