Réalisation d’une première mission humanitaire pour Essilor Canada

EssilorAprès avoir contribué à un grand nombre de missions humanitaires par le financement d’organismes, la fourniture de verres et d’équipement ou par le volontariat de ses employés, Essilor Canada en a organisée une à son tour. L’organisatrice et chef de mission, Louise Tanguay et son équipe ont visité Debouchette, en Haïti, du 7 au 14 mars 2015. Elle nous parle de cette expérience.

Qu’est-ce qui a amené Essilor à réaliser cette première mission?

Nous avons été contactés par la maison suisse de création de parfums et d’arômes, Firmenich, qui achète de l’huile de vétiver en Haïti depuis 30 ans par l’entremise de son fournisseur Agri-Supply Co S.A., classé numéro un au niveau des entreprises exportatrices d’Haïti en 2014. Ces deux compagnies se sont engagées depuis 2010 dans le développement durable, grâce à un partenariat soutenant la communauté de Debouchette. D’ailleurs, elles nous ont été d’une aide inestimable, prenant en charge tout ce qui concernait la logistique et la sécurité. Firmenich, associée aussi avec une autre compagnie locale de téléphonie mobile, Digicel, a fait construire une école de 9 classes pour les jeunes de 6 à 15 ans. Elles désiraient maintenant procurer, particulièrement aux enfants de la communauté, la meilleure santé visuelle possible, ce qui correspond parfaitement à la mission d’Essilor : améliorer la vision pour améliorer la vie.

En quoi consistait votre mission ?

Nous avons fait du dépistage visuel dans une école comptant 600 enfants et leurs professeurs, dans la région sud-ouest d’Haïti, Les Cayes. Selon le résultat du dépistage, nous poursuivions avec des examens de la vue.

Nous avons eu le grand plaisir de pouvoir offrir aux enfants un équipement neuf, réalisé à leur prescription et, à leur grand étonnement… le choix d’une monture. Nos fournisseurs, Perfect Optical, WestGroupe, Lanctôt ainsi que Essilor Vision Foundation USA ont fait preuve d’une grande générosité en nous fournissant une panoplie de montures qui répondaient aux critères que nous avions établis.

Essilor a offert aux enfants de Debouchette des verres sécuritaires, transparents et résistants, avec antireflet et protection UV, au même titre que les verres utilisés avec nos partenaires des programmes de la Fondation des maladies de l’oeil, du Club Lions et des Olympiques spéciaux.

Quel genre d’équipe faut-il mettre en place pour ce type de mission?

J’ai réuni cinq intervenants dont deux Haïtiens : le Dr Carl Dumas, résident en ophtalmologie de l’Université de Port-au-Prince et Thania Jeune, réfractionniste, grâce à la collaboration du doyen de la faculté de médecine le Dr Jean-Claude Cadet, qui nous a permis de vivre l’expérience de l’implication directe de la communauté haïtienne, prenant tout le sens du développement durable dans ce projet. Je leur suis des plus reconnaissantes.

La Dre MengMeng Xu, optométriste diplômée depuis cinq ans de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal, qui pratique en bureau à Boston et qui enseigne aussi au New England College of Optometry et Darquise Tardif, opticienne et professeure en orthèses visuelles au Cégep Garneau, toutes deux expérimentées en matière d’actions humanitaires, furent un atout majeur dans la réussite de la mission.

Finalement, sur place, j’ai également mis à contribution ma propre formation d’opticienne, aussi très utile dans les étapes de préparation de la mission.

Je tiens à souligner l’appui de la direction d’Essilor : Marc Tersigni et Pierre Bertrand, de mes collègues, et plus particulièrement de Margot Lesueur pour son dévouement. D’autre part, je remercie le Dr Luigi Bilotto MSc, OD, oeuvrant depuis plusieurs années dans le milieu d’organisations humanitaires ainsi que le Dr Jean-Marie Hanssens OD, PhD, et directeur de la Clinique de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal pour leur apport particulier, disponibilité et générosité. Merci également à Pétain Savreda de Terre Sans Frontières qui m’a prêté de l’équipement Innova et prodigué maints encouragements.

EssilorEquipeQuels ont été, pour vous, les plus grands défis? Les meilleurs moments?

Mon premier défi a été le très court délai pour la préparation… quelques semaines! Le mois de février le plus chaud et le plus rapidement écoulé que j’ai connu. Le transport de l’équipement, des montures et de tout ce qui est essentiel à la mission s’est avéré un exercice très complexe. Il faut aussi penser à la sécurité et à la santé des participants. Il ne faut pas oublier que l’eau potable est aussi une denrée rare en Haïti, et l’électricité souvent occasionnelle.

Quand aux bons moments, ils sont nombreux et aucun n’est plus émouvant que le contact avec ces enfants sages et réservés et cette communauté.

La complicité qui s’est développée entre les membres de l’équipe, ainsi que la collaboration de tous et chacun qui se sont donnés sans compter, ont fait de cette expérience un moment privilégié de ma vie.EssilorJeunes

50 années de légèreté

Par Anne-Marie Joncas

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Coup_doeil_montureFuturaPlus que tout autre accessoire, les lunettes participent à notre physionomie et expriment notre personnalité. Pourtant, la route fut longue de la première béquille visuelle à cet accessoire mode hautement perfectionné. Depuis un demi-siècle, le fabricant Silhouette contribue à cet essor renversant, atteignant des sommets en matière de légèreté, résistance et design. De la révolutionnaire Titan Minimal Art Collection à la réinterprétation des légendaires lunettes solaires Futura, Silhouette a établi au fil des ans de nouvelles normes en recourant aux meilleurs matériaux, aux technologies de pointe et à un design séduisant. La fameuse marque de lunettes autrichienne célèbre aujourd’hui son jubilé.

 

Lancées en 1964, au milieu d’une décennie énergique marquée par l’innovation et une euphorie pour les technologies, les premières lunettes Silhouette n’auraient pu choisir meilleur moment pour voir le jour. Les jeunes occupent l’avant-scène par leur nombre, leurs idéaux et leur créativité. Anneliese et Arnold Schmied, fondateurs de Silhouette, décident dès le départ de faire écho à cette revendication au changement en proposant des lunettes non plus comme simples aides visuelles, mais bien comme accessoires personnels à part entière. À l’image du Pop Art et de Twiggy, Silhouette épouse des lignes non conventionnelles et audacieuses ainsi que des couleurs éclatantes. Dès que l’entreprise commence à exporter ses produits à l’extérieur de l’Europe, la Compagnie canadienne de produits optiques ltée (COS) s’associe pour devenir distributeur exclusif au Canada. Fondée à Montréal en 1951 par Fred et Judith Hochstadter, COS a toujours partagé l’esprit de pionnier et la vision avant-gardiste de Silhouette.

Coup_doeil_monturesLes années 70 font place à la liberté. Une nouvelle génération défend ses aspirations sous l’égide de l’amour, de la paix et de la musique. Avec la prise de conscience collective s’instaurent des changements radicaux au plan de la mode. Silhouette emboîte alors le pas au style Rétro avant de se propulser dans l’âge spatial avec la monture Futura 570, portée entre autres par Elton John. C’est aussi en cette ère ultra -éminine, aux montures surdimensionnées, que Silhouette introduit un concept contrastant totalement avec la concurrence. Un concept qui ne cesse d’être perfectionné encore aujourd’hui et qui allait devenir le produit phare de Silhouette : les premières lunettes sans monture.

 

Au tournant des années 80, Silhouette s’impose une fois de plus en soutenant l’émancipation de la femme par des attributs hyper masculins. La monture intellectuelle masculinisée lui confère un statut égal au travail. Enfin, le fabricant innove avec de nouveaux matériaux, tel le plastique SPX — S pour Silhouette, P pour polyamide et X pour cet ingrédient tenu secret. Ces percées permettent d’offrir des lunettes Silhouette plus hétéroclites que jamais : incolores, montures transparentes, verres surdimensionnés aux tiges décentrées au bas, lignes toutes en courbes ou ultra-angulaires.

Avec le village global qui définit les années 1990, Silhouette peut enfin fusionner des extrêmes et redéfinir les codes. Le polyamide se fond à la frivolité du corset, aux motifs africains ou à la laque rouge enrobant des arcs et ellipses d’une subtile finesse. Mais surtout, la dernière année de cette décennie est immortalisée à jamais dans le monde de l’optique. En 1999, Silhouette révolutionne le marché de la lunetterie en concevant la Titan Minimal Art, une monture percée ultra légère pesant à peine 1,8 g, sans vis ni charnières. Un chef-d’œuvre technologique augurant un nouveau millénaire. Les portes du minimalisme, du confort et de la plus légère légèreté s’ouvrent bien grandes.

L’an 2000 ne s’est pas amorcé sur un bogue pour Silhouette, mais bien sur le lancement dans l’espace de ces illustres Titan Minimal Art, portées par les astronautes de la NASA au cours de 35 missions. Et depuis, l’attrait pour le minimalisme bien ancré dans l’esthétisme, la modernité et les technologies les plus récentes ne s’est pas démenti.

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L’an dernier, l’entreprise familiale de fabrication de lunettes a connu un important développement organisationnel. Pour la première fois de son histoire, elle est dirigée par deux hommes d’affaires extérieurs à la famille. Thomas Windischbauer et Daniel Rogger sont les membres du comité de direction qui succèdent aux copropriétaires Arnold et Klaus Schmied, fils d’Arnold Schmied décédé plus tôt cette année. « Le succès des 50 dernières années encourage nos designers, chercheurs et techniciens, qui ont tous façonné Silhouette, à maximiser leur impact sur l’avenir », affirme Daniel Rogger, PDG. « Nous nous engageons à toujours continuer de créer des articles de lunetterie inédits, fascinants et réellement innovateurs. » En s’appuyant sur ses solides assises et sa réputation, Silhouette tourne son regard vers un avenir emballant. « Nous avons pour objectif de renforcer notre position de chef de file en fabrication de lunettes dans ce secteur économique de premier plan et de consolider notre marque dans de nouveaux marchés, surtout en Asie et en Amérique du Sud », conclut Daniel Rogger avec confiance.

La Fondation des maladies de l’œil fête 35 ans de recherche!

Par Anne-Marie Joncas

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En 1963, le département d’ophtalmologie de l’Université Laval accueille ses premiers résidents à son programme de spécialisation. Malheureusement, les facilités n’existaient pas à l’époque pour exposer les résidents à la recherche clinique, essentielle à leur formation et à la qualité des soins. Ce n’est qu’en 1979 que le Dr Alain Rousseau met sur pied la structure de soutien financier nécessaire en créant la « Fondation pour la Recherche sur les Maladies de l’œil » (aujourd’hui la FMO). L’organisme naît grâce à l’engagement du maire de Québec, Jean Pelletier, de Jacques Desmeules (second président), des représentants du Club Lions Gilles Jobidon, Vincent Michaud et Jacques Dorion, de Jacqueline Laflamme, Louise Boissinnot, Ruth Bélanger et Louise Munroe, de même que des membres de la GRC, dont Normand Doucet. Au fil des ans, l’enthousiasme et la composition d’un conseil d’administration (CA) de plus en plus représentatif permettent d’aider l’Université, puis de monter des projets à l’échelle provinciale et nationale.

« Les bourses de la FMO servent de tremplin pour solliciter d’autres bailleurs de fonds en conférant une crédibilité essentielle à chaque projet, précise le Dr Rousseau. Et 35 ans plus tard, nous sommes toujours la seule fondation québécoise vouée à la recherche sur les maladies de l’œil. Je tiens d’ailleurs à souligner l’apport initial de Normand Doucet et ses collègues de la GRC qui ont participé très activement à nos premières collectes de fonds. L’événement principal était La Course vers la lumière, dont la première édition a rapporté 3 000 $. »

Aujourd’hui, la FMO accorde bon an mal an entre 20 000 $ et 40 000 $ par projet pour la recherche sur des maladies en pleine progression en raison du vieillissement de la population, comme la DMLA et le glaucome, ou encore pour le mélanome oculaire ou l’achat d’équipement indispensable aux laboratoires de recherche. « Au cours des 35 dernières années, la FMO a attribué près de 3 millions de dollars à des dizaines d’équipes de chercheurs », enchaîne fièrement Steeve Lachance, directeur général.

La FMO s’adonne aussi depuis 2006 à des activités de dépistage en milieu scolaire. Le programme Participe pour voir couvre chaque année 15 écoles de quartiers défavorisés. Des équipes d’optométristes bénévoles effectuent des tests de dépistage visuel dans les écoles primaires ciblées. Grâce à ses partenaires, la Fondation peut remettre gratuitement une paire de lunettes aux enfants appartenant à des familles ayant besoin d’aide. « Notre exercice le confirme d’une année à l’autre : environ un enfant d’âge scolaire sur quatre ne voit pas bien. Bien souvent, les parents et enseignants n’ont rien détecté, remarque Steeve Lachance. C’est donc que ce programme est utile pour les 19 000 enfants y ayant participé depuis sa création, et nous avons besoin de l’adhésion des optométristes pour en assurer la pérennité », précise-t-il.

L’avenir s’annonce prometteur pour la FMO. « Il nous faut mobiliser davantage tous les professionnels de la santé reliés à la vision autour de la mission de la FMO qui, selon moi, représente un maillage naturel avec tous ces intervenants. De plus, la diversification du CA est cruciale pour enrichir notre réseautage qui est la clé d’une campagne de financement réussie. À ce titre, Martial Gagné, président de notre CA et de Lunetterie New Look, fait un travail remarquable. Il est le premier à recruter des acteurs importants dont l’expertise est des plus bénéfiques pour l’organisme. Avis à tous : la porte est grande ouverte! », ajoute Steeve Lachance.

Fière de ses 35 ans au service de la recherche en maladies oculaires, la FMO tient à remercier tous les professionnels de la vision, ses partenaires du réseau de l’optique et du milieu des affaires pour la confiance témoignée et pour leur appui inconditionnel. Ce soutien a été déterminant pour assurer les activités de la Fondation et le développement de la recherche au Québec.

Conversation avec Cirillo Marcolin

Par Paddy Kamen
Traduction d’Edward Collister

marcolinLors du récent salon Silmo tenu à Paris, Martine Breton, éditrice de la revue EnVue : voir plus loin, a rencontré Cirillo Marcolin, président de l’association des fabricants italiens d’articles optiques (ANFAO) et du salon MIDO, pour parler de l’industrie de la lunetterie italienne et de l’avenir du MIDO. Voici le contenu de cet entretien.

MB : L’Union européenne connaît actuellement un bouleversement important et l’Italie figure parmi les pays en difficulté financière. Quel est l’impact de ces situations sur l’industrie de la lunetterie italienne?

CM : La situation est difficile en Italie mais pas autant qu’elle pourrait l’être pour les fabricants (de lunettes). Ces compagnies exportent plus de 90 pour cent de leur production et, dans les six premiers mois de 2013, l’exportation des lunettes italiennes a augmenté de cinq pour cent. Donc, malgré la récession, l’industrie est en meilleure posture que d’autres industries en Italie.

MB : Qu’est-ce qui vous motive à vous rendre au bureau chaque matin pour travailler à la fois sur l’industrie italienne de la lunetterie et sur MIDO?

CM : À la fin de juin, j’ai été réélu président de l’ANFAO et de MIDO pour un nouveau mandat de quatre ans. Mes collègues et moi travaillons pour répondre aux besoins du marché. Nous devons faire la démonstration que nous pouvons, d’une part, faire davantage pour ANFAO et, d’autre part, en faire autant pour MIDO. MIDO est le plus important salon de l’optique au monde, mais nous devons innover chaque année. Voilà ce qui me motive.

MB : L’édition 2013 de MIDO a été un franc succès, attirant plus de visiteurs et d’exposants. Comment expliquez-vous cette réussite?

CM : Nous avons nolisé un train pour amener au salon les opticiens du centre de l’Italie. Ce fut un grand succès; plus de 600 opticiens, représentant près de huit pour cent des opticiens italiens, ont visité le salon. Nous croyons que nous pourrons attirer encore plus d’opticiens l’an prochain grâce à ce train et ce, en dépit de la récession.

MB : MIDO renouvellera-t-il sa participation à la semaine du design de Milan (Milan Design Week) en 2014?

CM : Certainement! Deux tiers des participants du MIDO proviennent de l’extérieur de l’Italie et nous devons leur offrir des nouveautés. L’idée derrière l’événement Out of MIDO était de permettre aux compagnies de vendre directement aux consommateurs. C’est pour cette raison qu’il était judicieux de participer à la semaine du design de Milan en avril dernier. Le format du Out of MIDO changera en 2014; il sera davantage en lien avec la semaine du design et sera plus créatif, plus innovateur.

MB : Avez-vous de nouveaux projets pour MIDO 2014 que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs?

CM : Notre regard doit porter sur les trois, quatre prochaines années. Nous voulons collaborer plus étroitement avec la ville de Milan, un leader mondial de la mode. Nous pouvons mettre en valeur des souliers, des sacs à main, etc. avec des montures et des lunettes de soleil. Il est possible que cela ne se produise pas l’année prochaine mais Expo Milano est prévu en 2015, ce qui ouvrira de nombreuses possibilités.

MB : Merci pour cet entretien.

CM : C’était un plaisir.

Transitions Academy 2013 : conviction, passion et action

Par Isabelle Boin-Serveau

A – Drew Dudley
B – de gauche à droite : Marie-Josée Mercier, vice-présidente ventes et opérations, Lunetterie New Look, France Reimnitz, vice-présidente marketing et mise en marché, Lunetterie New Look
C – Rachel Hill-Campbell, propriétaire, Personal Optical
D – Robert Irvine, conférencier

Les professionnels l’ont compris, eux qui depuis 17 ans répondent très nombreux à l’invitation de Transitions Optical en participant au programme annuel Transitions Academy qui s’est déroulé du 27 au 29 janvier dernier.

Trois jours que chacun a pu passer sous le soleil de la Floride, dans le vaste complexe hôtelier au style méditerranéen, le Rosen Shingle Creek à Orlando. Et ces journées-là resteront gravées dans la mémoire, davantage pour la qualité de l’animation pédagogique prodiguée par Transitions Optical que pour toutes les commodités qu’offre le site… même si personne n’en a dédaigné le confort!

Sous le signe de la stratégie
Le directeur général, Brian Hauser, aime souligner que ces rencontres annuelles avec les acteurs du domaine sont autant d’occasions pour stimuler « la conviction, la passion et l’action auprès de nos partenaires ».

A-t-on besoin de préciser combien Transitions Optical brille par sa capacité à soutenir ses clients? Transitions Academy a pour ambition de présenter le programme idéal qui leur permet d’acquérir des outils et de « développer leurs propres plans d’action pour une croissance continue », mentionne le directeur général.

Le Torontois Drew Dudley, fondateur de Nuance Leadership Development Services, a livré une autre mémorable conférence sur la capacité commune que nous possédons à faire preuve de leadership, même dans nos actions quotidiennes les plus apparemment anodines.

Ainsi fortifiés par les propos encourageants de Dudley, les participants ont poursuivi leur journée en compagnie de Sherianne James, directrice dumarketingpour l’Amérique du Nord. Là encore a été abordé le formidable pouvoir de choisir, en l’occurrence « d’augmenter la satisfaction des patients en créant des expériences que les patients recherchent ». Des patients qui n’hésitent pas à promouvoir la qualité des verres Transitions.

La directrice du marketing  a mis en évidence tous les avantages que représentent « l’utilisation des ressources éducatives et du matériel » mis  à la disposition des professionnels de la vue. Aux côtés de Sherianne James, le chef vedette de Restaurant : Impossible sur Food Network, Robert Irvine, a énuméré tous les avantages que lui procure le port des verres Transitions au cours des défis qu’il doit relever durant son émission de sauvetage de restaurants en faillite…

En ce qui a trait aux stratégies commerciales, les participants ont pu suivre les ateliers de Franklin Covey. Des clés ont été données pour savoir comment établir un climat de confiance et un environnement harmonieux dans une entreprise, pour amener les employés à être plus productifs et pour maximiser la performance dans une perspective de carrière.

L’heure des récompenses
Qui n’aime pas ce moment-là, lorsqu’un événement aussi riche en enseignement se termine par la cérémonie de remise des prix de reconnaissance Transitions Academy? Une soirée qui a été animée par le swinguant Darius Rucker, lequel sera un des ambassadeurs de la marque Transitions Optical pour l’année 2013.

L’Ontarienne Rachel Hill-Campbell, de Personal Optical, a remporté le prix de la Professionnelle de la vue de l’année 2012. On notera que Marie Trudel, de Ma Vue à Québec et l’Albertaine Diana Monea, O.D. de The Eye Health, figuraient parmi les deux autres finalistes. Précisons que cette reconnaissance est accordée aux professionnels indépendants canadiens qui « font la promotion de la santé visuelle, offrent des soins de la vue de qualité supérieure et font preuve d’excellence dans leur milieu. »

Pour la première fois cette année, Transitions Optical a également choisi d’honorer des détaillants canadiens. Lunetterie New Look Eyewear a ainsi remporté le titre de Détaillant de l’année au Canada, devançant les finalistes Loblaw Optical et Walmart Vision Centres. De nombreux autres prix ont été remis à des laboratoires, bureaux et professionnels œuvrant aux États-Unis et en Amérique latine.

Conviction, passion et action? Oui, les professionnels qui ont fait le déplacement avec leur équipe sont rentrés chez eux convaincus, enthousiastes et motivés. Preuve que le leadership sait être contagieux.

Agrément pour la clinique IRIS, Dans les règles de l’art!

Agrément pour la clinique IRIS, Dans les règles de l’art!
Par Isabelle Boin-Serveau

En juin dernier, toute l’équipe de direction d’IRIS, Le Groupe Visuel, ainsi que son directeur général, Dr Francis Jean, a célébré avec fierté l’obtention de l’agrément pour la clinique d’ophtalmologie située à Laval. Une première au Canada!

« Comme entreprise, nous avions le choix de subir une évaluation ou de la vivre. Nous avons choisi de la vivre! », explique Pierre Ouellette. Le vice-président aux affaires médicales d’IRIS fait référence à la Loi sur la santé et les services sociaux (L.R.Q., S-4.21), en vigueur depuis 2008, qui oblige les centres médicaux spécialisés du Québec à obtenir non seulement un permis, mais aussi un agrément.

Un permis qui devait avoir été délivré à toutes les cliniques privées québécoises avant le 30 septembre 2010. À partir de cette obtention, les exploitants ont un délai de trois ans pour décrocher l’agrément. Sans ce dernier, d’une validité de quatre ans, le permis peut être retiré par le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) du Québec qui reconnaît deux organismes en charge d’évaluer les cliniques : le Conseil québécois d’agrément et Agrément Canada. On comprend, dès lors, l’importance que revêt pour un groupe tel qu’IRIS, qui figure parmi les chefs de file du domaine au Canada, la délivrance de cet agrément.

Un passage obligé pour toutes les cliniques privées

Dans les faits, cet agrément exige que les cliniques répondent à quelque 300 critères de conformité. « On a suivi le même processus que devrait subir un centre hospitalier pour obtenir une certification », souligne Pierre Ouellette. Un processus qui tient compte de tous les aspects reliés aux services offerts par la clinique : anesthésie, ventilation des salles d’opération, protocoles, structure administrative, milieu de travail, gouvernance, efficacité, plan d’affaires, sécurité de la clientèle, etc. Des façons de procéder qui étaient en place bien avant la visite des évaluateurs, mais dont l’équipe IRIS a pris davantage conscience tout en implantant de nouvelles formules valorisantes.

« Même si nous sommes des experts dans toutes les chirurgies oculaires, l’exercice auquel toute l’équipe s’est pliée nous a donné l’occasion d’améliorer encore nos protocoles pour fournir un meilleur service à notre clientèle. Nous sommes aussi allés chercher des compétences particulières afin de répondre à certains critères exigés », ajoute le fondateur Francis Jean qui tient à souligner que « la clinique de Laval est le premier centre laser a avoir obtenu le feu vert d’Agrément Canada avec une mention d’honneur! » Une mention d’honneur qui signifie que la clinique IRIS a obtenu la plus haute note (99,4%!) sur l’échelle de l’agrément. « Un comité de révision a même été nommé à la suite du comité de visite afin de vérifier la note finale… », renchérit Pierre Ouellette.

Le groupe IRIS n’a pas choisi de se faire accréditer par le Conseil québécois d’agrément, l’autre organisme reconnu par le MSSS, pour des motivations bien précises. « Cet organisme propose un protocole peut-être un petit peu moins sévère ou solide… Nous, nous avons préféré Agrément Canada pour sa difficulté et aussi parce qu’IRIS est une compagnie pancanadienne », avoue Francis Jean. En effet, l’autre clinique d’ophtalmologie du groupe, située à Vancouver (le gouvernement de Colombie-Britannique n’a pas encore instauré l’accréditation pour les centres médicaux spécialisés), bénéficiera des améliorations et des modifications engendrées par cette année de travail sur le dossier d’accréditation grâce au travail de gestion de Pierre Ouellette qui supervise les deux établissements.

Une garantie de qualité pour les médecins traitants

« Les évaluateurs d’Agrément Canada, qui ont passé deux jours dans notre établissement en février dernier, ont été surpris par notre note de passage et par la qualité de notre dossier! Mais, je dois ajouter que nous avons une équipe qui a travaillé très fort pour mener à bien ce processus », explique Francis Jean.

Une évaluation qui a demandé des raffinements matériels tels que l’amélioration de l’aération et de la stérilisation. Un investissement « de 200 000 $… pour aller chercher la meilleure note possible! Cet agrément est un argument pour notre clientèle qui peut se rendre compte que nous mettons tout en œuvre pour offrir des services de grande classe. Cependant, le point important est avant tout la protection de la marque IRIS. On n’a jamais eu aucune perte visuelle chez un patient en 12 ans d’activités! Cet agrément vient avaliser et assurer le maximum de sécurité pour le public en minimisant le risque d’erreurs. Cette situation-là fait en sorte que les professionnels de la vue, de nos boutiques ou d’autres bureaux, peuvent référer leurs patients sans aucune crainte », ajoute Francis Jean. Un véritable sceau de sécurité et de prestige pour tous les médecins qui veulent s’assurer que leurs patients seront bien traités selon les standards les plus élevés établis au pays.

Un processus continu d’amélioration

Dans quatre ans, date du renouvellement de l’accréditation, IRIS fera face à la visite des experts d’Agrément Canada, mais déjà, la compagnie a mis en place un comité qui se réunit mensuellement pour contrôler la qualité des processus. « C’est ce que nous a apporté cet agrément : de mieux structurer nos opérations, d’organiser des rencontres hebdomadaires, de mieux gérer les risques, de faire des audits sur une base permanente pour vérifier les dossiers, etc. En fait, nous avons raffiné notre organisation de manière à minimiser l’erreur. Et depuis notre accréditation, en février dernier, nous sommes déjà à améliorer certaines de nos pratiques », explique Benoit Cécyre, vice-président finances pour l’est du Canada. D’ailleurs, Agrément Canada aimerait pouvoir utiliser les façons de faire développées par l’équipe d’IRIS pour fournir des outils éprouvés aux cliniques engagées dans le défi de l’accréditation.

Afin de réaliser ces prouesses, il a fallu que chaque intervenant, de la réception à la salle de chirurgie, ait été impliqué dans le fonctionnement de la clinique et dans son processus d’amélioration des protocoles. Benoit Cécyre avoue que cela a pu paraître lourd pour certains employés, « mais en bout de ligne, nous nous sommes aperçus que cela les sécurisait et les valorisait. En fait, une fois que les gens ont compris le but ultime, les réticences se sont atténuées et ils ont embarqué. » Paul Ouellette ajoute que le point de départ était aussi la flamme contagieuse qui anime la direction: « On les a tenus informés à chaque étape du processus… On y croyait et eux aussi ont fini par y croire! La première journée de formation qui se déroulait un samedi a recueilli 100 % de participation… »

Pionnier dans son domaine, IRIS a aussi développé un logiciel « maison », True Vision, qui collige depuis 10 ans les informations sur toutes les opérations chirurgicales. Des données pré-opératoires et post-opératoires qui sont ensuite croisées pour procurer des statistiques d’une richesse incroyable. « Ce n’est pas uniquement les résultats post-opératoires des clients IRIS puisque 50 % de nos chirurgies sont des références d’optométristes non affiliés à IRIS. Les évaluateurs d’Agrément Canada n’avaient encore jamais vu une telle somme d’information dans notre pratique et n’ont pas manqué de noter son exemplarité! Ce n’est pas indispensable dans l’industrie, mais pour moi, c’était primordial… Avant d’opérer un patient, on est en mesure, avec des données aussi précises, d’évaluer en pourcentage les chances de réussite d’une chirurgie, les possibilités d’une retouche, etc. », lance le Dr Francis Jean. Bref, des informations transmises aux patients qui évitent bien des surprises.

Avec l’engouement pour les chirurgies laser et la profusion des offres dans le domaine, l’obligation de détenir une accréditation semble une évidence pour le Dr Francis Jean : « Il y a longtemps que les gouvernements auraient dû rendre l’agrément obligatoire… Certaines cliniques opèrent dans des conditions très rudimentaires et très dangereuses, surtout lorsque l’on parle de chirurgie de la cataracte et de chirurgie intraoculaire. »

Il reste donc deux ans aux différents centres médicaux spécialisés pour suivre les traces de la clinique d’ophtalmologie IRIS de Laval et obtenir l’agrément qui permettra aux exploitants de poursuivre les services qu’ils procurent aujourd’hui. Quant à IRIS, la compagnie sera condamnée à obtenir dans quatre ans un aussi bon résultat qu’en 2012. Une échéance qui n’est pas de taille à intimider une équipe aussi aguerrie!

1. http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/S_4_2/S4_2.html

orthoptique canadienne commentée

L’orthoptique canadienne commentée
Jean Milot M.D.

Traduction des citations par Edward Collister

N.D.L.R. : Professeur émérite de l’Université de Montréal et retraité actif, le DrJean Milot s’est immergé le temps d’une recherche dans les archives des revues médicales canadiennes pour nous livrer le climat d’une époque confrontée à l’apparition d’une nouvelle discipline paramédicale au Canada au milieu du siècle

dernier : l’orthoptique. 

Avant-propos de l’auteur

Cette présentation forcément sommaire pourra sembler lacunaire à certains puisque je fais volontairement abstraction de la description des différentes méthodes orthoptiques, telles que l’euthyscope, le diploscope, le stéréoscope, le cheiroscope, l’amblyoscope, le synoptophore, l’orthofuseur, le visuscope, le pléoptophore, etc.

Deuxième partie : de 1950 à 1970

1950 Ottawa. Ottawa Civic Hospital

L’ophtalmologiste, Dr Robert E. Smart, consultant à l’Ottawa Civic Hospital, croit que les mauvais résultats des traitements sont souvent les conséquences d’un mauvais diagnostic suivi de traitements inappropriés1 :

« En bref, je crois que la plupart des échecs lors du traitement du strabisme sont le résultat d’un mauvais diagnostic et, dans une moindre mesure, sont reliés à un manque d’application des principes et techniques reconnus dans le traitement de la vue, des problèmes orthoptiques et chirurgicaux présents dans chaque cas.» (trad.) 

« Je crois, cependant, que pour certains cas, ceux qui sont le plus sujets à réussir, devraient suivre un traitement orthoptique pré et postopératoire.» (trad.)

1953 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

« Pratiqués avec les instruments les plus perfectionnés, ces exercices demandent la collaboration du sujet2. »

Ces commentaires, qui ont été émis par le Dr Georges-A Blanchard, ophtalmologiste à l’Hôpital Sainte-Justine, confirment ainsi que l’on pratique l’orthoptique en 1953 à l’Hôpital Sainte-Justine.

1955 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

Le 30 septembre 1955, les Drs Jean-Audet Lapointe et Fernand Croisetière, tous les deux ophtalmologistes, font une demande officielle au directeur médical pour l’embauche d’une orthoptiste :

« Toujours en vue de la réorganisation du service d’ophtalmologie, nous proposons Mlle Mae Peullen, orthopticienne diplômée d’Angleterre comme technicienne consultante. Elle serait disposée à venir donner des traitements à l’Hôpital une fois par semaine et à diriger une garde-malade qui voudrait se spécialiser en orthoptique.3 »

1955 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

Dans le mois qui suit, voici la réponse sans ambiguïté du Conseil d’administration adressée au Dr Edmond Dubé, directeur médical:

« Sur votre recommandation, le Conseil d’administration, à son assemblée tenue le 18 octobre 1955, a résolu d’autoriser l’engagement de Mlle Mae Peullen, orthopticienne diplômée d’Angleterre, comme technicienne consultante au service d’ophtalmologie.4»

1956 Québec. Hôpital Hôtel-Dieu

Voici les commentaires du Dr J. Émile Pelletier, ophtalmologiste consultant à l’Hôtel-Dieu de Québec, qui précise bien que ce traitement doit être accompli sous la surveillance du médecin :

            « L’orthoptique consiste en une série de traitements visant à l’établissement de la vision binoculaire. Elle doit être exercée par l’ophtalmologiste qui, après un examen médical oculaire, pourra en préciser les indications et les contre-indications, ou encore sous surveillance médicale rigoureuse5. »

1957 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

Yvette Beaulieu, infirmière licenciée, reconnue officiellement orthoptiste grâce à la formation donnée par Mae Peullen, s’adresse à la présidente du Conseil d’administration pour justifier sa participation à la clinique du département d’ophtalmologie. Il est à noter que Mlle Beaulieu a également suivi sa formation d’orthoptiste à Cleveland aux États-Unis, devenant ainsi la première orthoptiste canadienne-française :

« Comme l’orthoptique ne concerne que le cas de strabisme, il est préférable que je les vois en même temps que le médecin traitant, de cette façon un déplacement est évité pour les parents et l’enfant. Pour ce qui concerne les exercices, les meilleurs résultats sont obtenus chez l’enfant d’âge préscolaire, c’est-à-dire, de trois à sept ans. Il est également plus facile pour la mère de venir conduire l’enfant sous traitement pendant que les autres sont à l’école; c’est pour cette raison que les exercices sont donnés dans l’après-midi.6»

1958 Vancouver. Vancouver General Hospital

Le Dr M. G. Wilson7, ophtalmologiste au Vancouver General Hospital, nous confirme que l’orthoptiste demeure encore, en 1958, un sujet brûlant chez les ophtalmologistes :

« La formation orthoptique comme moyen de traitement du déséquilibre musculaire de l’œil a de plus en plus d’adeptes parmi les ophtalmologistes depuis trois ou quatre décennies. Cela représente, toutefois, un sujet controversé. Et si plusieurs chirurgiens de l’œil ne sont pas complètement sceptiques, ils demeurent confus et incertains sur la valeur et la place de l’orthoptique dans le diagnostic et le traitement des cas. » (trad.)

Il ajoute un commentaire afin de bien préciser le rôle de l’orthoptiste :

« Tout comme le physiothérapeute et l’orthophoniste, le technicien en orthoptique ne dispose que de sa formation – son habileté à former ou reformer une paire d’yeux dissociés. » (trad.)

En reconnaissance pour le travail de son orthoptiste, il confirme ainsi la présence d’une clinique d’orthoptique à Vancouver :

« Je souhaite souligner la contribution inestimable de Mlle Catherine Lunn, directrice de la Orthoptic Clinic au Vancouver General Hospital. » (trad.)

1958 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

Le Dr Gilles Cousineau, ophtalmologiste à l’Hôpital Sainte-Justine, confirme les résultats bénéfiques des exercices orthoptiques et il en profite pour remercier les deux orthoptistes avec lesquelles il travaille :

« Malheureusement tous les enfants opérés pour strabisme n’ont pas tous été examinés en orthoptique. Dû à l’organisation récente de ce service, 70 % seulement des enfants examinés ont bénéficié des traitements orthoptiques et on sait qu’il est beaucoup plus intéressant d’opérer un enfant à qui on a pu redonner ou stabiliser la vision binoculaire qu’un enfant qui n’a même pas de perception simultanée, surtout s’il a un œil amblyope.8 »

« Permettez-moi de remercier les orthoptistes Mlles Y. Beaulieu et V. Spooner, pour leur précieuse collaboration. »

1963 Québec. Hôpital Saint-François-d’Assise

Il devient indéniable que l’orthoptique peut jouer un rôle prépondérant dans le traitement du strabisme. Ainsi, le Dr René-G. Lavoie, ophtalmologiste à l’Hôpital Saint-François-d’Assise, aborde ce sujet avec une certaine véhémence :

« Une clinique d’orthoptique est devenue une nécessité dans un hôpital possédant un service d’ophtalmologie […] Il est d’importance primordiale que les orthoptistes relèvent de l’autorité immédiate de l’ophtalmologiste, en autant que l’on considère les domaines médical et technique […] L’orthoptiste n’est que l’acolyte du médecin et il n’est là que pour exécuter le travail que lui dicte l’ophtalmologiste, toujours sous sa directive […] En conclusion, il est permis d’affirmer que l’orthoptique représente une aide complémentaire importante, voire indispensable dans le traitement des anomalies des muscles, de la vision, de la fusion, de la stéréoscopie9. »

1964 Chicoutimi. Hôtel-Dieu Saint-Vallier

À l’occasion d’une visite à Chicoutimi d’un éminent professeur de la Faculté de médecine de l’université de Lyon, le Dr René Hugonnier, il est annoncé « que, le 15 décembre 1963, la clinique d’orthoptique de l’Hôtel-Dieu ouvrit officiellement ses portes et que c’est le docteur Georges-Thomas Gauthier qui en assumera la direction. 10 »

1966 Montréal. Hôpital Sainte-Justine

Le Dr Arthur Barrette, ophtalmologiste, confirme qu’on a toujours recours à l’orthoptique dans l’évaluation et le traitement du strabisme à l’Hôpital Sainte-Justine :

« Les traitements non-chirurgicaux et chirurgicaux sont souvent le complément l’un de l’autre, soit avant l’opération, soit après l’opération […] L’orthoptique et la pléoptique séparément ou ensemble constituent le traitement non chirurgical du strabisme11. »

1966 Montréal. Hôpital Notre-Dame

Le Dr Roch Gagnon, ophtalmologiste à l’Hôpital Notre-Dame, donne une description du rôle éminent et fondamental de l’orthoptique :

« À l’aide d’appareils spécialisés, prismes, verres rouges, verres striés, synoptophore, etc., et aussi grâce à sa grande patience et à la collaboration de l’enfant et des parents, l’orthoptiste pourra vaincre la neutralité d’œil, augmenter l’amplitude de fusion des insuffisants de convergence ou autres hétérophories, parfois même corriger une correspondance rétinienne anormale12. »

1970 Montréal. Hôpital Notre-Dame

Et la touche finale revient, à la fois au Dr Roch Gagnon, ophtalmologiste et à Mlle Louise Gohier, orthoptiste :

« Dans la rééducation de nos malades, nous avons suivi [avec d’heureux résultats!] la technique classique en France à l’École d’orthoptique de Lyon13. »

Conclusion

Nous avons bien observé qu’à partir des années 1960, les remarques acerbes sur le rôle de l’orthoptique se sont passablement atténuées pour réaliser une nouvelle fois combien les différents aspects de l’orthoptique et de l’ophtalmologie sont parallèles et complémentaires.

Heureusement, autant chez les orthoptistes que chez les ophtalmologistes, les attitudes des générations passées ne correspondent plus aux conceptions des générations nouvelles. Grâce à leur consentement, les centres d’enseignement orthoptique au Canada, sont aujourd’hui accrédités par l’Association médicale canadienne.

1. SMART R.E. Strabismus. Why failures?. Transactions of the Canadian Ophthalmological Society. Vol. 3. 1950; 28-38.

2. BLANCHARD Georges-A. Généralités sur le strabisme convergent. Les Annales médico-chirurgicales de l’Hôpital Sainte-Justine. Vol. 6, (4). 1953; 15-7.

3. LAPOINTE J. A. et CROISETIÈRE F., ophtalmologistes. Tapuscript daté du 30 septembre 1955 adressé au directeur médical de l’Hôpital Sainte-Justine.

4. LETELLIER DE SAINT-JUST E., secrétaire du Conseil d’administration de l’Hôpital Sainte-Justine. Tapuscript daté du 19 octobre 1955 et adressé au Dr Edmond Dubé, directeur médical.

5. PELLETIER J.-Émile. Problèmes ophtalmologiques+. Les Cahiers de l’Hôtel-Dieu de Québec. Vol. 11 1956; 134-5.

6. BEAULIEU Yvette, orthoptiste à l’Hôpital Sainte-Justine. Tapuscript daté du 16 décembre 1957 et adressé à L. de Gaspé-Beaubien, présidente du conseil d’administration.

7. WILSON W. M. G. Experiences with Orthoptic Training : A Statistical Survey. Transaction of the Canadian Ophthalmological Society. Vol. 10. 1958; 212-9.

8. COUSINEAU Gilles. Strabisme chez l’enfant. Les Annales de Sainte-Justine. Vol. IX (1), 1958; 38-41.

9. LAVOIE René-G. L’orthoptique en fonction de l’hôpital. Laval médical Vol. 34 (8) oct. 1963; 1038-42.

10. Auteur inconnu. Visite d’un célèbre ophtalmologiste français. Le Saguenay. Vol. 11 déc. 1964; 176.

11. BARRETTE J. Arthur. Traitement non-chirurgical du strabisme. L’Union médicale du Canada. Vol. 95, nov. 1966; 1261-3.

12. GAGNON Roch. Pléoptique et orthoptique ou rééducation oculaire. –L’Union médicale du Canada. Vol. 95, nov. 1966; 1264-6.

13. GAGNON Roch et GOHIER Louise. Le traitement orthoptique des strabismes divergents intermittents. L’Union médicale du Canada. Vol. 99 (8) août. 1490-2.

L’orthoptique canadienne commentée

L’orthoptique canadienne commentée
Par Jean Milot, M.D.

Traduction des citations par Edward Collister

N.D.L.R. : Professeur émérite de l’Université de Montréal et retraité actif, le DrJean Milot s’est immergé le temps d’une recherche dans les archives des revues médicales canadiennes pour nous livrer le climat d’une époque confrontée à l’apparition d’une nouvelle discipline paramédicale au Canada au milieu du siècle dernier : l’orthoptique. 

Avant-propos de l’auteur

Cette présentation forcément sommaire pourra sembler lacunaire à certains puisque je fais volontairement abstraction de la description des différentes méthodes orthoptiques, telles que l’euthyscope, le diploscope, le stéréoscope, le cheiroscope, l’amblyoscope, le synoptophore, l’orthofuseur, le visuscope, le pléoptophore, etc.

1ère partie : des origines à 1948

La naissance d’une discipline

L’histoire de l’orthoptique moderne commence à la fin du XIXe siècle. L’Europe, et tout particulièrement la France et l’Angleterre, joue à ce moment-là un rôle décisif dans la thérapeutique moderne du strabisme. Une des premières publications françaises, le Paris  médical fait mention de cette nouvelle profession spécialisée en précisant son rôle dans le traitement du strabisme :

« Souvent ce traitement [optique] ne suffit pas et il faut lui ajouter le traitement orthoptique ou gymnastique des muscles oculaires, pour aider au rétablissement de la vision binoculaire. »1 Édition du 2 octobre 1912.

Louis Émile Javal (1839-1907), célèbre ophtalmologiste français, est considéré avec raison comme le créateur de l’orthoptique moderne. En effet, il a été le premier à utiliser le stéréoscope pour neutraliser la suppression. Il faut ajouter qu’il a soutenu en 1868 sa thèse de doctorat qui portait sur la nature de la correspondance rétinienne anormale. En Angleterre, l’honneur revient à ClaudE Worth (1869-1936), qui a démontré la théorie de la fusion du strabisme de la façon la plus compréhensible. Pionnier dans le traitement orthoptique du strabisme, il a fondé la première clinique d’orthoptique du Royaume-Uni au Moorfields Eye Hospital.

Dans les publications canadiennes

1838 : au Windsor Western Hospital

À la suite de recherches dans les revues médicales canadiennes de l’époque, c’est au Dr John Peter Boley, ophtalmologiste du Windsor Western Hospital, que l’on doit la première publication2 dans laquelle il est question d’orthoptique.

Il est d’ailleurs scandalisé de constater que, trop souvent, certains médecins ne font que rassurer les parents en leur garantissant que leur enfant grandira sans strabisme. Alors que malheureusement, ce qu’ils considèreront comme une guérison ne sera à la puberté qu’un simple résultat esthétique :

« De tels hommes ne sont pas dignes de leur confiance et démontrent un manque flagrant de connaissances. » (trad.)

Le Dr Boley est l’un des premiers ophtalmologistes à se montrer positif aux traitements orthoptiques, sans pour autant exclure la chirurgie :

« Si l’enfant de trois ans ou plus a toujours besoin d’un traitement, alors une forme de traitement orthoptique peut être entreprise. Cependant, certaines conditions doivent prévaloir si un gain significatif est espéré. […] Si aucune amélioration n’est constatée après six mois de traitement orthoptique, alors la chirurgie est recommandée. » (trad.)

1940 : l’orthoptie a son journal3

Le sujet de l’orthoptique se développe rapidement. Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître un nouveau journal dédié à cette nouvelle branche de l’ophtalmologie :

« Ce périodique a été publié pour la première fois en 1939. C’est la revue officielle de la British Orthoptic Society, récemment créée. » (trad.)

1940 : au Royal Victoria Hospital de Montréal

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le prochain article4 de référence a été rédigé, non pas par un ophtalmologiste célèbre, mais bien par un brillant pathologiste qui disserte sur l’orthoptique comme si c’était de son ressort quotidien. Il s’agit du Dr Albert G. Nicholls, assistant pathologiste au Royal Victoria Hospital et au Montreal General Hospital. Il ira même jusqu’à préciser le rôle de l’orthoptique, rôle dont certains ophtalmologistes semblent en méconnaître la valeur :

« La valeur ajoutée de l’orthoptique, une forme de traitement par des exercices conçus pour éliminer le réflexe de loucher et pour rétablir la bonne vision stéréoscopique. » (trad.)

Les médecins trop occupés par les consultations médicales devront, selon lui, déléguer ces traitements à « un technicien spécifiquement formé, […] il ou elle, de préférence, une femme » (trad.).

Persuadé de l’utilité de cette nouvelle thérapeutique, il y va de cette suggestion, sans la moindre retenue :

« Un service d’orthoptique doit être créé dans chaque hôpital spécialisé dans le traitement des yeux ainsi que dans chaque grand hôpital doté d’un service d’ophtalmologie. » (trad.)

1941: Hôpital Saint-Sacrement de Québec

Aucunement convaincu de la valeur thérapeutique de ce traitement innovateur, le Dr Henri Pichette, ophtalmologiste de Québec ne se gêne pas pour affirmer que « les différents traitements médicaux et orthoptiques donnent vraiment bien peu de résultats. Seul le traitement chirurgical peut corriger à peu près tous les strabismes5 ».

1941: Hôpital Notre-Dame de Montréal

Il n’est pas étonnant que dans les années 40, on ait commencé à se poser des questions, toujours sur le même sujet. Dans l’Union médicale du Canada, le Dr Émile Blain médite sur la question et préconise que « l’orthoptique se cherche encore une définition universellement admise, mais on peut quand même penser, sans crainte d’erreur, que c’est une science physico-médicale ayant pour objet de corriger, au moyen d’exercices musculaires, les déviations latentes ou manifestes des axes visuels6 ».

Et le Dr Émile Blain n’hésite pas à ajouter cet étonnant  commentaire:

« La technique exige de la délicatesse et de la persévérance. On a déjà dit que l’orthoptiste idéal doit posséder, à la fois, le tact d’une femme, la minutie d’un astre, et la patience d’un ange. »

1941: Hospital for Sick Children de Toronto

L’orthoptique prend racine progressivement. Cependant, les ophtalmologistes l’acceptent avec une certaine réserve, comme en font foi les commentaires du Dr A. Lloyd Morgan de Toronto7 :

« La formation en orthoptique peut jouer un rôle important dans le développement de la vision binoculaire jumelée à la chirurgie, mais ce n’est pas une panacée. » (trad.)

1942: Winnipeg Children’s Hospital

Le Dr James McGillivray, ophtalmologiste du Children’s Hospital de Winnipeg est un véritable adepte de cette science nouvelle et il livre plusieurs suggestions :

« Si la vision binoculaire doit être restaurée, il est essentiel que l’enfant ait une vision normale dans chaque œil. À cette fin, nous utilisons une forme d’occlusion sur l’œil sain. Un bandage ne doit pas couvrir l’œil pour plus d’un mois sans un suivi. Lorsque la situation est rétablie, le patient est prêt pour un traitement orthoptique. Assis devant le synoptophore, il porte sa correction.8» (trad.)

Ou encore :

« L’orthoptiste doit faire une tentative pour la fusion. Mais si la fusion n’est pas réussie, le résultat cosmétique vaut la peine. Dans les faits, la vision binoculaire ne veut rien dire pour l’enfant ou le parent. » (trad.)

1942: Winnipeg Children’s Hospital

Le Dr F. A. Macneil, également ophtalmologiste au Children’s Hospital de Winnipeg qui a participé à la table ronde avec son confrère McGillivray cité précédemment, met en garde contre certains praticiens déviants qui « souvent produisaient des affirmations de résultats exagérées ou non fondées. Cette pratique mettait en cause la pratique de l’orthoptique9 » (trad.).

1943 : Hôpital Sainte-Justine de Montréal

Déjà en 1943, le Dr Jean Mignault, ophtalmologiste à l’Hôpital Sainte-Justine, confirme l’usage des traitements orthoptiques dans cet établissement10 :

« Ici entrent en jeu tous les modes de traitements orthoptiques pour renforcer le muscle déficient avant qu’il ne soit trop tard et que l’on ne doive recourir à une intervention chirurgicale. »

« Ici le rotoscope entre en jeu. L’exercice va durer environ 10 minutes et sera limité par l’endurance de l’enfant, quitte à augmenter la durée lorsque l’enfant sera plus habitué au traitement. On répètera ces exercices deux ou trois fois par semaines. On peut ainsi faire revenir ces enfants pendant 6 à 8 semaines. Puis on les laissera se reposer quatre semaines, quitte à reprendre le traitement durant une autre période de 6 à 8 semaines. »

1945 : Hospital for Sick Children de Toronto

Depuis 1941, le Dr A. Lloyd Morgan, ophtalmologiste au SickKids de Toronto ne semble pas avoir encore changé d’opinion sur l’orthoptique et demeure méfiant envers ceux qui y ont recours :

« L’utilisation d’instruments tels que le synoptophore, l’orthofuseur et l’amblyoscope ne pourront guérir le strabisme. En fait, leur utilisation sans discernement peut même aggraver la situation. Plusieurs croient que la formation orthoptique peut corriger un mauvais résultat de chirurgie. C’est une attente trop élevée.11 » (trad.)

Et il met en garde contre le charlatanisme relié à certaines pratiques :

« Malheureusement, ‘l’entraînement musculaire’ est une pratique largement répandue chez les groupes non-médicaux et il s’agit d’un moyen pour extraire d’importantes sommes d’argent au public. […] L’image de l’orthoptique a, par conséquent, souffert. » (trad.)

« Nous avons tous vu les échecs du soi-disant entraînement musculaire et plusieurs d’entre nous sont très sceptiques sur la valeur de l’orthoptique […] Lorsqu’il sera parfaitement compris par la profession que l’orthoptique n’est qu’une étape dans le traitement des yeux qui louchent, elle sera acceptée par un plus large groupe de praticiens. » (trad.)

Son opinion demeure malgré tout formelle :

« La formation orthoptique occupe une place importante dans le traitement du strabisme. Le bon diagnostic est essentiel et lorsqu’il n’est pas fait, les résultats peuvent être décevants […] Lorsque la profession aura bien compris que l’orthoptique n’est qu’une étape dans le traitement des yeux qui louchent, son acceptation sera plus entière. » (trad.)

1946 : Vancouver General Hospital

Le Dr Charles E. Davies, ophtalmologiste au Vancouver General Hospital a participé, en 1939, à la fondation de la première école d’orthoptique au Canada avec la collaboration d’une orthoptiste déjà formée au Royal Westminster Ophthalmic Hospital de Londres :

« L’orthoptique n’est peut-être pas la réponse définitive, mais elle offre une approche fondée sur une méthode scientifique.12 » (trad.)

1948 : Hospital for Sick Children de Toronto

L’ophtalmologiste A. Lloyd Morgan et Elisabeth Pearce, orthoptiste au Hospital for Sick Children, reviennent encore sur ce problème d’imposteurs à Toronto et nous préviennent contre cette escroquerie :

 «On a constaté certains patients qui avaient reçu un traitement orthoptique dans d’autres cliniques, deux à trois fois par semaine, sans noter d’amélioration. Ce type d’intervention porte le public à croire que l’orthoptique n’est qu’une illusion.13 » (trad.)

1. MONTHUS. A. Le strabisme et son traitement. Paris médical. no 41, septembre 1912 : 333-337.

2. BOLEY, J. P. Squint. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 39, (6). Dec. 1938 : 560-4.

3. Unknown author. The British Orthoptic Journal. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 43, (2). Dec. 1940 :167.

4. NICHOLLS, Albert G. Orthoptics and Orthoptists. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 43, (5). Nov. 1940 : 475-6.

5. PICHETTE, Henri. Traitement chirurgical du Strabisme. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 44, (1) Jan. 1941 : 84.

6. BLAIN, Émile. Orthoptique et strabisme. L’Union médicale du Canada. Vol. 70. Avril 1941 : 362-9.

7. LLOYD MORGAN, A. Surgical Treatment of Strabismus. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 45, (6). Dec. 1941: 500-4.

8. MCGILLIVRAY, James. Orthoptic Treatment of Strabismus. The Canadian Medical Journal. Vol. 46, (3) Mars Mar. 1942 : 265-7.

9. MACNEIL, F. A. Some Observations on the History of Orthoptics. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 46, (3). Mars Mar. 1942 : 268-9.

10. MIGNAULT, Jean. Strabisme et Rotoscope. Les Annales médico-chirurgicales de l’Hôpital Sainte-Justine. Vol. 4, (2). Mars 1943 : 133-43.

11. LLOYD MORGAN, A. Value of Orthoptics in Treatment of Strabismus. The Canadian Médical Association Journal. Vol. 52, (5). May 1945: 498-500.

12. DAVIES, C. E. Orthoptic Treatment in Convergence Insufficiency. The Canadian Medical Association Journal. Vol. 55, (1). July 1946 : 47-9.

13. LLOYD MORGAN, A. M.D. and PEARCE Elisabeth. D.B.O. Orthoptics : Some Notes on the Orthoptic Clinic with Evaluation of Results. Transactions of the Canadian Ophthalmological Society. Vol. 1. Jun. 1948 : 113-5.

VOSH Santa-Cruz, L’invitation au voyage

VOSH Santa-Cruz, L’invitation au voyage
ParIsabelle Boin-Serveau

À l’heure où il est de bon ton de s’indigner, VOSH Santa-Cruz[i] (Volunteer Optometric Services to Humanity) réunit depuis une dizaine d’années des « indignés » actifs qui s’engagent bénévolement dans des missions humanitaires. À la tête de ce qui fut les Voluntarios de Santa-Cruz figurent Pierre Labine, membre de la Congrégation de Sainte-Croix[ii], qui sait faire toute une différence auprès de populations les plus défavorisées de la planète.

Le père Pierre Labine me reçoit à son domicile de l’arrondissement de Saint Laurent en compagnie de Claude Chagnon, optométriste, missionnaire actif de la première heure et président du conseil d’administration.

Un homme et sa mission

Franco-ontarien de Sault-Sainte-Marie, Pierre Labine voit le jour dans une famille de commerçants : « Mon père était boucher, j’ai travaillé avec lui tout en suivant mes cours à la high school. » À 19 ans, il occupe la fonction de gérant de magasin et, parallèlement à ses études, trouve le temps et l’énergie de construire sa maison.

Ce n’est que trois ans plus tard, en 1977, à l’âge de 22 ans, que Pierre Labine entame les démarches pour rejoindre une communauté religieuse. « Je suis entré chez les Pères de Sainte-Croix parce que le curé de ma paroisse en faisait partie. Il rentrait de mission en Inde après en avoir été expulsé par le gouvernement », explique celui dont la vocation aura été éveillée autant par les récits de missionnaires que par son éducation essentiellement chrétienne.

« Lorsque j’ai voulu me joindre aux Jésuites, on m’a refusé parce que je venais de l’Ontario. On jugeait que je ne pourrais pas faire mes études supérieures en français. Mon curé m’a alors référé à sa communauté de Sainte-Croix », explique Pierre Labine. C’est ainsi qu’il s’installera à l’Oratoire Saint Joseph de Montréal avec les représentants de la Congrégation et suivra ses études en théologie à l’Université de Montréal. Après quelques années de stage dans plusieurs paroisses, il est ordonné prêtre en 1985. Il se destine vers l’enseignement et sera l’aumônier d’une école secondaire ontarienne durant 12 années avant de retourner à l’Oratoire pour une nouvelle expérience de prêtrise.

« Je n’aimais pas vraiment ce type de pastorale et c’est par hasard qu’un groupe de mes anciens élèves ontariens, devenus optométristes, m’ont parlé d’un projet de mission humanitaire à Puerto Escondido, au Mexique », souligne-t-il. En 1999, ce premier voyage des volontaires de Sainte-Croix aura permis d’aider quelque 1 800 villageois à bénéficier d’un examen de la vue et de paires de lunettes. Et désormais, pour Pierre Labine, il était devenu évident qu’il allait consacrer toute son énergie à poursuivre ce type d’aventure humanitaire qui se déroulera non seulement au Mexique mais aussi au Pérou, en Équateur, en Roumanie, au Maroc, au Liban, en Tunisie, au Cameroun et au Sénégal. En 11 ans, plus de 110 000 patients ont pu rencontrer des professionnels de la vue et acquérir des lunettes grâce aux efforts de Pierre Labine et de tous les bénévoles issus d’horizons divers.

L’une des caractéristiques de l’organisation Santa-Cruz réside dans le grand nombre de bénévoles, entre 30 et 40, qui se déplacent au cours d’une même mission : parmi eux, des optométristes, des étudiants en optométrie et des opticiens, mais aussi des personnes en charge des mille et une tâches de soutien logistique. La durée moyenne du séjour est de deux semaines, dont sept journées intensives de clinique, suivies de quelques  journées de repos. Sur place, et notamment au Mexique, la mission est préparée par le Lion’s Club et les DIF mexicains (Développement Intégral de la Famille : équipes multidisciplinaires à orientation sociale). À l’heure actuelle, l’organisation met sur pied entre trois et quatre missions par année dont la majorité à destination de l’Amérique latine.

Des centaines de bénévoles

« Les principales problématiques auxquelles nous sommes confrontés résident dans les négociations avec les douanes, l’envoi de matériel (les montures et les verres) et surtout leur réception! », indique Pierre Labine. De fait, une mission d’une semaine va demander un travail intense d’une centaine de personnes! « C’est difficile à dire combien de milliers d’heures nous consacrons à trier les lunettes, à remplir des valises, à analyser et à assembler les lunettes. », poursuit le père de Sainte-Croix qui reçoit les bénévoles chez lui et aussi dans un entrepôt du centre-ville de Montréal. Outre des bénévoles occasionnels, le noyau « dur » autour de Pierre Labine regroupe quelque 25 personnes qui consacrent de nombreuses heures de bénévolat à la mise en œuvre des missions. C’est donc un travail de longue haleine, patiemment orchestré tout au long de l’année, qui permet à l’organisation de réussir ses projets.

Les étudiants du Québec constituent un réservoir inestimable de bénévoles tout comme ceux de Waterloo en Ontario où Pierre Labine a ses fidèles contributeurs. Chaque coopérant apporte sa valise de montures en plus de celles qui seront acheminées sur place. Au centre de recyclage du Lion’s Club de Calgary, dans un univers carcéral, des prisonniers ont déjà livré plus de trois millions de paires de lunettes (lavées et triées) à différents organismes. « Au Québec, il y a beaucoup de bureaux d’optométristes et d’opticiens qui ramassent des lunettes pour notre organisme et qui nous aident beaucoup », tient à souligner Claude Chagnon.

Des façons de faire efficaces

« Dans le centre de recyclage de Calgary, nous avons eu la chance de pouvoir implanter un système informatique pour analyser les paires de lunettes et produire instantanément une étiquette autocollante descriptive à apposer sur chacun des items », indique Pierre Labine qui a consacré trois ans à l’élaboration informatique de ce logiciel : « Grâce à ce système, je suis capable d’analyser 300 paires de lunettes à l’heure! » Outre le gain de temps, ce système permet d’assurer la qualité de l’analyse et la lisibilité des étiquettes. Autant dire que la persévérance et l’ingéniosité de Pierre Labine ne sont pas étrangères à son succès!

Mais Pierre Labine est également à l’origine d’une façon de faire particulière. En effet, les montures sont toujours identifiées en fonction de la prescription de l’œil droit, lesquelles ne correspondent que très rarement à celle de l’œil gauche du patient. Or, passer à travers un nombre incalculable de montures avant de trouver la paire idéale constitue un véritable casse-tête très chronophage. Il a donc mis sur pied un système qui permet de prélever le verre d’une monture en relation avec la prescription de l’œil gauche et de l’adapter à la monture choisie pour l’œil droit. Il suffisait d’y penser!

Une division de VOSH

En 2006, Pierre Labine a été approché par les responsables de VOSH International[iii], un organisme américain non gouvernemental établi depuis 1971 et dédié à pourvoir les populations déshéritées de services reliés à la vision. L’organisation non religieuse accueille en son sein 32 divisions régionales et 29 divisions d’étudiants aux États-Unis, au Canada, au Honduras, en Inde, etc. VOSH s’est associé à VISION 2020, une initiative mondiale de l’OMS visant à éliminer la cécité évitable d’ici l’an 2020. L’objectif de VOSH est également d’implanter des écoles d’optométrie dans de multiples régions démunies.

« La reconnaissance de VOSH auprès de l’OMS et des Nations unies nous a ouvert des portes, procuré de la crédibilité, des informations privilégiées et nous a donné accès à un bassin encore plus important de professionnels de la vue », explique Pierre Labine. Parce que le nerf de la guerre n’est pas que l’argent et les dons, mais plutôt le dévouement et l’engagement des optométristes bénévoles.

Donner, c’est recevoir

« Quand une dame de 100 ans vient nous voir à la clinique en pleurs parce qu’elle ne voyait pas depuis 85 ans… c’est quelque chose d’émouvant. Donner, c’est tellement recevoir! » s’exclame Pierre Labine en ajoutant le bonheur de pouvoir détecter, grâce aux examens de la vue, des cas médicaux graves.

« Chaque coopérant a son histoire à raconter », ajoute Claude Chagnon qui en est à sa neuvième expérience et qui avoue très franchement sa dépendance aux missions : « Il y a aussi l’amitié qui se tisse entre les différents intervenants, des souvenirs qui nous lient et le partage d’histoires. Ma philosophie de base est qu’il faut redonner à la vie ce qu’elle nous a donné… car dès que l’on voyage, on comprend la chance que l’on a ! »

Numéro de charité vsantacruz.org: 850587064 RM001


 

Le nouveau directeur général de la Fondation des maladies de l’œil

Par Isabelle Boin-Serveau

« Faire la différence », tel est le credo de Steeve Lachance qui a été promu, depuis la fin du mois de mai dernier, à la direction de la Fondation. Le jeune quadragénaire me tend une lettre de l’école primaire Desjardins sherbrookoise adressée en juillet au président du conseil d’administration, Martial Gagné.

« Cette année, nous avons pu bénéficier d’un soutien de votre part pour un élève qui a reçu, grâce à vous, l’outil essentiel de sa réussite : des lunettes! », écrit la directrice qui espère en conclusion pouvoir compter sur la poursuite de l’implication de la Fondation dans son établissement. Voilà l’exemple de témoignage qui stimule Steeve Lachance dans les projets qu’il entend mettre en place à l’avenir afin d’étendre le rayonnement caritatif de la Fondation.

Engagement et leadership

Le jeune bleuet du Lac-St-Jean est le seul de sa fratrie de cinq enfants à avoir déserté sa région de naissance pour s’établir dans la ville de Québec. Il a d’abord poursuivi des études en sciences politiques à l’Université Laval avant de se tourner vers la sociologie. « J’ai toujours été intéressé par la société en général et la sociologie était pour moi une façon de mieux comprendre le monde dans lequel on vit, car cela a toujours été une de mes préoccupations », confesse Steeve Lachance.

À côté de cet intérêt profond, le directeur général se souvient de s’être toujours impliqué au sein de sa communauté : « Cela s’est traduit dès le cégep par l’organisation d’événements musicaux. Cela a été la confirmation que j’étais très à l’aise avec la logistique et que j’étais très motivé pour mettre en œuvre des projets novateurs. » Une belle façon de développer son leadership, sa créativité et l’importance du travail d’équipe qui se révèle toujours « une composante essentielle pour moi ».

C’est ainsi qu’à l’issue de son bac en sociologie en 1995, Steeve Lachance s’engage naturellement dans des organisations communautaires notamment pour Gestion Jeunesse dont un projet visait à mesurer le phénomène des graffitis à Québec : « On a rencontré les jeunes auteurs de graffiti et on les a interrogés pour mieux comprendre le phénomène… la motivation… bref, on a pu cerner ce monde du graffiti. » Grâce à ce projet, certains jeunes ont pu s’insérer dans la société et créer des murales dans certaines zones urbaines bien délimitées afin de laisser libre cours à leur talent de graffiteurs.

Fort de cette belle expérience, Steeve Lachance œuvre en tant que coordonnateur permanent au sein de la Maison des jeunes de Limoilou : « J’ai donc été impliqué auprès des jeunes qui souffrent du problème de la pauvreté dans un secteur sensible à Québec… et c’était très valorisant pour moi d’offrir à ces jeunes-là des chances de sortir d’une situation difficile. » Un des points culminants de son travail pour éveiller les jeunes à des valeurs sociétales aura été la création en 2002 d’une pièce de théâtre traitant de la notion de citoyenneté : « Nous avons même été invités à nous produire au sein d’un festival sur la citoyenneté organisé à Namur en Belgique. Ce fut une aventure formidable pour ces jeunes qui n’avaient jamais eu la chance de voyager auparavant. »

Après ce passage réussi chez les jeunes, Steeve Lachance rejoint la Société canadienne de la sclérose en plaques en tant que coordonnateur des services aux membres durant trois fructueuses années. Une expérience qui lui a permis de mesurer encore son degré d’empathie et surtout son grand humanisme : « J’ai été le confident de personnes plongées dans toutes sortes de situation et j’ai été appelé à les aider. » De plus, il met en oeuvre des levées de fonds et organise notamment avec une randonnée à vélo.

Depuis 2007, Steeve Lachance aura l’occasion de donner son plein potentiel dans l’atteinte de ses objectifs de saine gestion et de structuration des organismes sans but lucratif. Il obtient le poste de direction au sein de l’organisme Épilepsie Section de Québec. Parallèlement, il s’implique dans divers conseils d’administration dont celui d’Entraide Jeunesse Québec. Il est le vice-président (un rôle qu’il a laissé en mai dernier) de la Maison des jeunes de Limoilou et président des Communautés Solidaires de l’arrondissement de Beauport qui combat la détresse psychologique. Enfin, il est à l’origine de l’Association sportive de Ste-Brigitte-de-Laval.

Parallèlement, Steeve Lachance fonde une famille composée de son épouse, travailleuse sociale, et de deux jeunes garçons de 7 et 8 ans. Le père de famille inculque d’ailleurs à ses enfants des valeurs humanitaires que l’aîné a repris tout récemment à son compte : « C’est en voyant son grand-père extrêmement malade qu’il a décidé de sa propre initiative de faire du bénévolat dans une maison de retraite », indique-t-il, non sans un pointe de fierté.

La Fondation : un défi à sa mesure

On ne peut en douter lorsque le directeur de la Fondation des maladies de l’œil affirme qu’il est un homme organisé et que « les relations humaines sont très importantes dans ma vie. Pour une organisation comme la Fondation, cela me semble une valeur fondamentale qui permet de se démarquer et d’apporter une dimension d’humanité au sein de toutes nos actions et relations. »

Steeve Lachance avoue que la cause de la Fondation des maladies de l’œil le touche tout particulièrement : « Je pense que l’organisme a fait déjà énormément de chemin depuis sa création puisque près de trois millions ont été récoltés pour aider la recherche dans le domaine. Personnellement, faire partie de cette organisation rejoint mon goût naturel de l’implication. C’est comme de l’oxygène pour respirer… ou comme une vocation. Il est important de faire une différence pour les citoyens et la Fondation peut compter sur la présence d’une vingtaine de membres du conseil d’administration qui sont très impliqués eux aussi pour la cause et ce qui est très appréciable pour un organisme sans but lucratif. C’est emballant de travailler avec des personnes aussi motivées! »

Une motivation qui rejaillit sur son travail : « On me demande d’être créatif! Et c’est un défi que je vais relever. Je suis toujours en réflexion et en avance sur les échéanciers. Je suis aussi quelqu’un qui s’informe beaucoup de toutes les tendances philanthropiques… Je me fais un devoir d’être innovateur et d’être aussi fonceur. » Des atouts qui devraient générer des actions concrètes et des résultats financiers probants pour alimenter les chercheurs dans leur recherche sur les maladies oculaires.

Bien sûr, les activités telles que le dépistage en milieu scolaire ou celles de levées de fonds avec le tournoi de golf au Mirage et les spectacles vont se poursuivre en 2012 : « Des modifications devraient être apportées au cœur de toutes ces activités pour tenter d’améliorer notre efficacité. »

Dans son plan de match, la mise en lumière des événements et la refonte du site de la Fondation tout comme le repositionnement dans les réseaux sociaux font partie de ses futurs projets. Avec toute cette énergie, Steeve Lachance entend bien donner sa couleur, son style et quelques belles surprises dans le futur.