La responsabilité professionnelle et vous

DevOrgaADesjardinsPar Éric Desjardins, FPAA  C. d’A.A  CRM
Courtier en assurance de dommages chez André Desjardins Assurances Inc.
adesjardinsassurances.com

En tant que professionnel de la vue, l’assurance de responsabilité professionnelle vous permet de vous prémunir contre les conséquences monétaires en cas d’erreurs, fautes, négligences et/ou omissions commises dans l’exercice de vos consultations. La couverture vous protège contre les différentes pertes causées aux tiers.

Pour les pertes financières, on pense à l’incapacité permanente ou temporaire d’effectuer un travail ainsi qu’aux coûts supplémentaires de traitements vers une guérison.

En matière de pertes non financières, la définition est moins rigide. Ces pertes sont difficilement chiffrables, mais elles pourraient se traduire concrètement par un inconfort, une souffrance ou la perte de l’usage de la vue. Elles peuvent cependant se matérialiser par des indemnités très élevées. Prenons l’exemple d’un enfant de huit ans qui perdrait la vue pour le restant de ses jours.

Normalement, cette protection inclut aussi vos frais de défense, que vous soyez tenu responsable ou non des dommages. Ce qui vous permettra de vous défendre en cas de poursuite non fondée et ainsi protéger votre réputation si chèrement acquise.

Tout membre de l’Ordre des optométristes du Québec devra être protégé par un contrat d’assurance responsabilité professionnelle d’un montant minimal de 1 000 000 $ par sinistre et 2 000 000 $ annuel.

Ces montants sont les minimums requis par la loi des professions. Il vous sera cependant important d’établir votre limite d’assurance en tenant compte de différents facteurs, dont la situation la plus catastrophique qui pourrait survenir et le type de clientèle que vous desservez. Ainsi, si vous comptez parmi votre clientèle des athlètes professionnels ou des artistes réputés, peut-être avez-vous besoin de couverture supplémentaire au montant minimal demandé. Plusieurs ont tendance à minimiser la limite nécessaire, pensez-y!

Obligation légale

Afin d’établir votre responsabilité en cas d’incident, un juge ou un assureur devra s’appuyer sur des principes légaux. Ces principes sont inscrits entre autres dans le Code civil du Québec. L’un des articles importants mentionne les faits suivants (1457 C.c.Q ) :

Toute personne a le devoir de respecter les règles de conduite qui, suivant les circonstances, les usages ou la loi, s’imposent à elle, de manière à ne pas causer préjudice à autrui.

Elle est, lorsqu’elle est douée de raison et qu’elle manque à ce devoir, responsable du préjudice qu’elle cause par cette faute à autrui et tenue de réparer ce préjudice, qu’il soit corporel, moral ou matériel.

Ainsi si vous commettez une faute ou une omission dans une consultation, que cette faute crée un dommage et qu’un lien entre cette faute et ce dommage peut être identifié, vous pourriez être tenu responsable des pertes de vos clients. Par exemple lors d’une consultation vous omettez de diagnostiquer un décollement de la rétine. Résultat : votre client perd une partie importante de sa vision de façon irréversible. Advenant une poursuite, vous serez probablement tenu responsable des pertes de revenu de votre client (s’il ne peut plus effectuer son travail comme auparavant), des coûts de traitements additionnels et des coûts jugés raisonnables pour la perte partielle de la vision.

Prévention 

Plusieurs stratégies simples peuvent être mises en place afin de prévenir ou de limiter les poursuites éventuelles.

  1. Effectuer vos examens dans des endroits libres de toutes distractions (clients, téléphone fixe ou cellulaire, etc.) Si vous êtes capable d’être concentré à cent pour cent, ceci diminuera de beaucoup le risque d’erreur.
  2. La plus simple : prendre le temps d’annoter minutieusement vos dossiers. Une multitude de patients vous consultent annuellement. Même si vous avez une mémoire phénoménale, vous ne vous souvenez certainement pas de tous les détails d’une consultation passée. Le fait de tout noter dans un dossier retraçable permettra éventuellement à votre défense de faire la preuve que vous avez réalisé tous les examens possibles selon les règles de l’art si tel était le cas, et ainsi peut-être prouver votre non-responsabilité. Si vous n’avez pas de dossier étoffé, et ce même si vous n’avez commis aucune négligence, il sera beaucoup plus difficile d’en faire la preuve légalement.
  3. La mise à jour de vos compétences vous permettra de rester à l’affût de toutes les nouvelles techniques de diagnostics et vous permettra de perfectionner celles déjà acquises, limitant ainsi le risque d’erreur.
  4. Vous avez pris connaissance d’une situation qui pourrait causer une poursuite éventuelle? N’hésitez pas à aviser votre assureur de responsabilité professionnelle. Ce dernier compte dans son entourage une multitude de professionnels qui pourront vous prendre en charge et vous aider à vous sortir du pétrin.

Si ces quelques lignes ont suscité des interrogations ou des questionnements, n’hésitez pas à les communiquer à vos fournisseurs d’assurance. Ils se feront un immense plaisir de vous éclairer.

Sources :

  • 1. BEAUDOIN-RENAUD, Code civil du Québec; 2003-2004; JUDICO
  • 2. http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/O_7/O7R3.HTM
  • 3. KELLY, Carol A., Assurance des entreprises-Assurances responsabilité.

MIDO : un regard résolument tourné vers l’avenir

MidoMartine Breton, éditrice du magazine EnVue : voir plus loin, rencontrait récemment au Silmo à Paris le président de l’association des fabricants italiens d’articles optiques (ANFAO) et du salon MIDO, Cirillo Marcolin, pour discuter de l’avenir du MIDO. Voici le contenu de cette entrevue.

MB : L’édition 2014 du MIDO était vraiment remarquable. Je pense en particulier à l’événement ‘Out of MIDO’, au défilé de mode Midounvolto et à la participation au Fuorisalone. De quelle manière ces initiatives ont-elles placé MIDO à l’avant-scène des salons professionnels de l’optique?

CM : Nous avons estimé que de travailler avec les exposants qui prenaient part au MIDO n’était pas suffisant. Nous voulions refaire une mise au point, tant du côté des exposants que des consommateurs, et la solution qui s’est imposée à nous est celle de prendre avantage des salons professionnels étroitement liés à notre entreprise. Nous avons conclu que le meilleur était le salon du meuble Fuorisalone. C’est le plus important événement à Milan et il est relié à plusieurs initiatives qui se déroulent dans la ville.

Nous avons aussi compris qu’il n’est pas nécessaire de toujours travailler seuls. Nous avons convenu de participer au Pitti Uomo (une série d’événements centrés sur la mode en Italie), une manifestation d’une grande importance dans le domaine du textile. Nous avons donc créé un partenariat avec eux, POP-EYE (qui explore les liens entre la lunetterie et la mode), regroupant près d’une vingtaine de compagnies. La formule a remporté un grand succès et nous prévoyons reprendre les événements ‘Out of MIDO’ et Pitti Uomo en 2015.

MB : Pourriez-vous nous éclairer sur le nouveau partenariat entre MIDO et Silmo?

CM : Avant, nous considérions le Silmo comme un compétiteur, mais cela a changé cette année. Nous avons réalisé que nous faisions face aux mêmes défis et qu’en travaillant ensemble nous pourrions assurer aux exposants des deux salons une meilleure expérience. Nous nous sommes demandé ce que nous pouvions offrir aux participants qu’ils n’avaient pas déjà et la réponse a été une étude de marché. Nous avons donc engagé une compagnie pour mener une analyse du marché européen qui serait disponible pour les exposants et les consommateurs des deux salons. L’étude sera menée tous les six mois et les données devront être aussi pertinentes en février pour le MIDO qu’en septembre pour le Silmo.

Pour le moment il n’existe aucun plan de fusion des deux événements. Nous croyons que dans cette coopération chacun y gagnera.

MB : Sous votre direction, le MIDO n’a jamais envisagé l’option du déclin. En même temps, sentez-vous une pression suscitée par la situation économique actuelle de la zone euro?

CM : Nous avons étudié la situation et avons décidé que le but du MIDO devrait être de tout offrir à l’industrie. Nous voulons être utile à chaque participant qui se rend au salon – pas seulement au marché italien.

C’est important de maintenir notre leadership et cela nous a amenés à modifier notre logo et notre campagne publicitaire cette année. Nous avons jugé que ces changements étaient importants si nous voulions renforcer l’identité de la marque MIDO.

Il nous faut attirer des gens au MIDO et notre tâche est de répondre à leurs besoins – de les astreindre à nous visiter en leur fournissant de nouvelles offres chaque année. C’est la seule manière pour nous de réussir.

Madagascar, terre de mission

OSFPar Anne-Marie Joncas

Madagascar – Cinquième île du monde en superficie, 22 millions d’habitants, une faune et une flore d’une rare richesse. Ce pays insulaire est en éternelle voie de développement et en manque flagrant d’infrastructures. Selon la Banque Mondiale, près de 70 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté national. Mais comparativement au seuil international de pauvreté, ce sont 92 pour cent des Malgaches qui sont miséreux et n’ont pas le minimum pour répondre à leurs besoins de base. Comment sans eau, sans hygiène, sans revenu décent, assurer la santé visuelle de la population? Optométristes Sans Frontières (OSF) travaille inlassablement – d’un examen de la vue au suivant – à redonner une meilleure vue aux enfants, adultes et vieillards qui se présentent à son dispensaire provisoire.

Madagascar est inscrite aux destinations humanitaires d’OSF depuis un an seulement grâce à un partenariat avec la congrégation des Petites Franciscaines de Marie. La mission de septembre 2014, deuxième du genre en sol malgache, réunissait une équipe de huit bénévoles formée de trois optométristes, trois opticiens et deux assistantes.

OSFGroupeParmi ces professionnels, Nathalie Raymond, opticienne et copropriétaire de la clinique mobile Raymond & Côté, décidait de dire « oui » à l’appel pour une toute première fois. « Jeune adulte, j’avais pour modèle la Dre Lucille Teasdale et je rêvais de devenir médecin pour participer à des voyages humanitaires. Lorsque ma collègue, Dre Véronique Dion m’a annoncé qu’elle partait avec OSF en septembre, je me suis tout de suite intéressée au projet. Il faut dire que la mission était pilotée par le Dr Hector Tremblay, optométriste à la retraite de Coaticook, qui réalisait sa 47e mission et qui est un être totalement inspirant et motivant. Notre objectif était de dispenser des soins en milieu rural et pauvre, où vit 80 % de la population de Madagascar, et croyez-moi, il y a beaucoup d’ouvrage à faire! Après des mois de préparation, nous nous sommes envolés le 3 septembre pour trois semaines de travail ardu. Nous devions apporter nos propres équipements dans nos deux grosses valises où ils occupaient les trois quarts du volume permis. Nous avons été accueillis à bras ouverts par les religieuses qui nous disaient à quel point nous étions « espérés » là-bas. Rapidement, nous nous sommes mis à l’œuvre dans un dispensaire de brousse où défilaient du matin au soir des personnes de tous les âges ayant besoin de soins oculaires. En neuf jours, notre équipe de huit professionnels a accordé 1019 consultations. C’est plus de 110 patients par jour. La majorité de ces gens avaient marché de 20 à 25 km, s’étaient déplacés pendant la nuit pour arriver les premiers ou avaient attendu toute la journée sous un soleil de plomb. Alors à la fin de la journée, nous ne pouvions pas dire non. Chaque jour, nous terminions en appelant en supplément les dix patients les plus âgés et les dix patients habitant le plus loin. Ma satisfaction personnelle était tellement grande, que je ne sentais pas ma fatigue. »

OSFPro« Nous avons tout vu! Des cataractes à profusion qui se développent dès le début de la quarantaine, car tout le monde en Afrique vit dehors sans protection solaire depuis le plus jeune âge. Le ptérygion, cette excroissance bénigne de la conjonctive qui prolifère en Afrique, toujours en raison de l’exposition continue au soleil et à l’absence de protection contre les UV. Des infections de tous genres, la DMLA, et aussi des gens tout simplement myopes, presbytes et n’ayant jamais porté de lunettes de leur vie. Les résultats obtenus avec les lunettes recyclées que nous « trafiquions » pour chacun n’ont rien à voir avec les critères d’ajustement d’ici. Il nous fallait souvent privilégier un œil au détriment de l’autre. Les ajustements n’étaient pas « 100 pour cent », mais c’était 1000 fois mieux que sans lunettes. En tout, nous avons distribué 953 lunettes de prescription, ajouté 364 clips solaires et remis 561 lunettes solaires neutres. Sans compter la multitude de conseils d’hygiène donnés à des gens qui, souvent privés d’eau, ont l’habitude de s’essuyer le visage avec leurs vêtements empreints de la poussière du sol. »

OSFLecturePour la Dre Véronique Dion qui en était à sa huitième mission, ce fut l’une des plus belles sur le terrain. « La chimie était très bonne au sein de l’équipe et les Malgaches étaient particulièrement accueillants. Il est toujours très enrichissant au plan humain de faire une différence en utilisant notre savoir à l’étranger, là où la pénurie est présente à tous les niveaux. Et au retour, on dirait que la pratique est différente. On prend un peu plus de temps avec nos patients, on s’applique à bien écouter, tout prend une teinte plus humaine. Bien sûr, c’est frustrant de poser des diagnostics de cataractes et de glaucome qui nécessitent un suivi médical qu’on sait inexistant. Par contre, une simple paire de lunettes peut permettre à cette femme presbyte de poursuivre des travaux manuels pour gagner la vie de sa famille ou à cet enfant myope de mieux apprendre à l’école. Je n’oublierai pas de sitôt cet homme à qui j’ai remis sa première paire de lunettes de sa vie… il avait 80 ans. »

L’action d’OSF et de ses partenaires est concrète et récurrente. Elle épouse la vision de l’Organisation mondiale de la santé qui identifie les erreurs de réfraction et la basse vision comme maladies oculaires prioritaires auxquelles il importe de s’attaquer. Pour faire un don à OSF ou participer à nos missions, rendez-vous au http://www.optometristessansfrontieres.ca/donner.php.

Silmo 2014 – Les gentils rebelles

RebellesPar Marie-Sophie Dion, o.o.d.

Le Silmo est mon pèlerinage annuel vers les créateurs de tendances. Quelle bonne idée, ils se rassemblent une fois l’an dans la Ville Lumière, ville alors teintée de oh ! de ah ! grâce à la PFW, la semaine du prêt-à-porter de Paris. Vedettes, paparazzi, designers, tous forment alors une immense parade dans les rues, le long des quais, en ces derniers rayons chauds de l’été.

Et dans l’espace ultra-moderne du Silmo, en banlieue nord, on ressent cette même fébrilité. Les visiteurs, autant que les exposants, sortent ce qu’ils ont de plus beau pour créer une ambiance où on célèbre le design sous toutes ses formes.

Cette année, les collections et leurs designers qui ont le plus attiré mon attention ont tous ce je-ne-sais-quoi d’insolence, cet air rebelle qui les positionne en marge des tendances. Mais attention, ils ne sont pas désagréables pour autant, bien au contraire. C’est pour cela que je les appelle les gentils rebelles.

 Blake Kuwahara Eyewear

KuwaharaKuwahara, fondateur de l’agence de design Focus Group West, a d’abord acquis une renommée internationale en tant que créateur et designer de la marque KATA Eyewear dans les années 80. Son utilisation novatrice des techniques d’ingénierie et de production de l’époque a réinventé la façon dont la conception de lunettes est abordée aujourd’hui. La collection KATA reposait sur l’emprunt de formes présentes dans la nature afin de les interpréter d’une nouvelle manière. Kuwahara a collaboré par la suite au design des collections de lunettes pour John Varvatos, Carolina Herrera, Isaac Mizrahi, Behnaz Sarapfour et Hanae Mori.

En lançant sa collection éponyme, Blake Kuwahara, ex-optométriste devenu designer, relevait le défi d’exprimer son sens de l’esthétique en dessinant, pour une fois, une collection de montures en acétate vraiment à lui. Pour Richard Mewha, designer de la collection Bevel et collaborateur de Blake dans ce projet, c’est une chance rêvée de travailler avec l’une des personnes les plus créatives qu’il connaisse, une icône dans le monde de l’optique.

KuwaharaRohePairLors de ma visite dans son espace au Silmo, Blake explique : « Une amie photographe m’a raconté qu’elle ne pouvait trouver des lunettes adaptées à son style. Les modèles étaient soit trop rétro, soit trop glamour, soit trop prepy et ennuyants. J’imaginais pour elle une paire qui serait subtilement élégante, mais de façon évidente! Je dois admettre que je suis un peu contradictoire. J’ai un faible pour la mode minimaliste, mais je ne suis pas un pur. Je suis obligé de mélanger du très chic, à la Jil Sander, avec des jeans usés et des bottes usées… Je suis constamment à cheval entre deux mondes, l’un artistique, l’autre commercial. »

« Donc, de ce dîner et de cette conversation est venu un réel besoin pour le lancement de ma collection. Elle a été faite pour satisfaire mes propres envies en matière de conception, et celles de mon entourage qui vivent dans un monde très visuel: des artistes, des cinéastes, des architectes, des fashionistas, et des concepteurs de toutes sortes » de dire Blake.

L’objet d’inspiration de la collection vient d’un ancien tabouret chinois que Blake a trouvé. Il était en vieux bois enrobé de plexiglass, un objet à la fois très antique et moderne.

KuwaharaCorbuSunDe cette idée, chaque monture d’acétate est enrobée d’une épaisse couche façon cristal. Le résultat : une vraie fusion de deux matières qui va au-delà d’un simple laminage, une monture à l’intérieur d’une monture! Ce processus est nouveau et complexe, et la réalisation d’une pièce aboutit en une somme importante de déchets de plastique.  « La complexité de la liaison transparente de deux devants ensemble était un défi technique majeur, mais les résultats sont sublimes. L’attention de Blake aux détails est incomparable », précise Richard Mewha.

Le lancement de la première collection Blake Kuwahara pendant l’édition du Silmo 2014 a connu un vif succès, accrochant l’oeil des opticiens avant-gardistes, surtout ceux de France, d’Australie, de Hong Kong et du Canada. Elle est composée de neuf modèles optiques et de neuf montures solaires, tous fabriqués à la main au Japon.

www.blakekuwahara.com

FACTORY900

Factory900FACTORY900 est une marque japonaise fondée en 2000 par Yoshinori Aoyama. Avec son équipe il s’est donné pour mission de créer les montures du futur. Il utilise une ancienne technologie vieille de 75 ans, mariée à un savoir-faire moderne de modelage 3D, pour créer des montures aux formes étonnantes. Lui et son équipe imaginent, dessinent, fabriquent tout à un seul et même endroit, offrant le service de conception sur-mesure à certains clients choyés.

Leur philosophie : plus de nouvelles idées, plus de nouveaux styles, plus que simplement du nouveau! Ils s’adressent aux amateurs de montures uniques, qui sont ouverts d’esprit.

Avec la sagesse et l’humilité que l’on reconnaît aux Japonais, il est difficile de soutirer des informations de ce créateur. Ses réponses à mes questions sont courtes. C’est en m’adressant à un de ses collaborateurs que j’obtiens enfin un peu plus de renseignements sur cette collection. « Monsieur Aoyama n’est pas qu’un designer, c’est aussi un artisan acharné qui s’implique corps et âme dans la production, et ce de A à Z. En plus, il adore vraiment les lunettes. Si ses modèles semblent avoir autant d’ingéniosité, c’est que nous pouvons y reconnaître tout son enthousiasme, et pourquoi pas sa vie. »

Factory900_FA-1090Idéaliste, il incorpore même des molécules imaginaires dans ses montures, et leur confère des pouvoirs. Par exemple, le modèle nommé Lady Luck-glasses… La personne qui porte ces lunettes deviendra sans aucun doute très chanceuse, et nul doute que ce sera vraiment à cause de sa monture!

Je suis une « fan » de cette collection depuis ses tout débuts. À chaque salon je ne peux m’empêcher de leur demander de penser à nous mortels nord-américains, et de modifier la forme de leurs ponts pour qu’on puisse enfin porter confortablement leurs montures! Eh bien l’an dernier, mon souhait s’est exhaucé. L’équipe créative belge Theo a élaboré deux modèles avec Factory900, et devinez quoi? Non seulement j’ai pu enfin vendre leurs sublimes oeuvres dans mes boutiques, mais j’ai eu la chance de les voir gagner le Silmo d’Or dans leur catégorie. Après 13 ans de travail, ce passionné est enfin récompensé.

Factory900_FA-241Analytique et patient, cet homme observe le marché et croit au sens du « bon timing ». Il explique: « J’ai produit mon modèle Mask en 2007, même si mes dessins avaient été réalisés en 2003. Pourquoi autant d’attente? J’ai senti que le moment était adéquat, et que tous les éléments me poussaient à le faire. » Et effectivement, le bon moment est essentiel au succès d’une bonne commercialisation d’un produit. Un peu trop tôt, et c’est un flop.

Pas surprenant de voir encore une fois Factory900 finaliste aux Silmo d’Or cette année, et de les voir collaborer avec d’autres gens de talent, dont l’artiste Osamu Watanabe.

Je me permets une dernière question : « En tant que designer de lunettes de l’avenir, quel serait le prochain projet d’une monture futuriste pour Factory900? » Pensif, le designer me répond : « Les lunettes neo-futuristes sont rarement seillantes sur un visage de femme. Ce serait un beau défi à relever. »

www.factory900.jp

The Quiet Before

TQBLa société TQB Srl a été fondée par Luca Polinelli, après qu’il ait eu baigné dans le secteur de la lunetterie italienne depuis sa plus tendre enfance. « J’ai commencé dans ce monde en 2003, en travaillant pour les entreprises de ma famille, une usine de fabrication de lunettes de soleil haut de gamme et de lunettes de sport, et pour deux sociétés internationales, orange 21 et FGX / Essilor. En 2012, j’ai décidé de commencer mon propre projet, The Quiet Before. »

TQB_MAO02401TQB est née dans le but de rassembler différentes compétences artisanales, développées depuis des années et profondément enracinées dans des régions italiennes inconnues pour la plupart. La création de cette collection de lunettes de soleil et de montures optiques a pour but d’amener le design, l’art lunetier et l’innovation à un niveau supérieur de qualité.

TQB_CTM01607Le designer explique : « La principale source d’inspiration de la collection est l’architecture et, plus spécifiquement, l’Art nouveau et le Rationalisme italien, les deux principaux mouvements architecturaux qui ont façonné la ville de Varese, où je suis né et vis encore. L’ambiance de la marque, cependant, est fortement inspirée par le monde de la musique et, plus précisément, par le rock and roll. »

TQB_DSD02700« Tous les produits sont conçus et faits à la main en Italie selon des techniques de fabrication traditionnelles afin de créer un produit qui a tous les avantages de l’esthétisme et du confort », poursuit Luca Polinelli. Tous nos modèles sont fabriqués à partir d’acétate Mazzucchelli et nos verres solaires sont soit en verre de Barberini, soit en CR39 de ZEISS. Tous les modèles ont des versions conçues avec des matériaux insolites tels que le cuir et le bois. »

« Le cuir est le matériau que nous aimons le plus utiliser et ce, sur la plupart de nos modèles. Sa présence influe sur le processus créatif dès le début. », avoue-t-il.

« Notre participation au Silmo nous a non seulement permis de mieux nous positionner sur le marché étranger, notamment en France et au Benelux, mais elle a également favorisé la consolidation de nos relations avec nos distributeurs asiatiques.

www.thequietbefore.com

Tom Rebl Eyewear

TomReblLa toute nouvelle collection de lunettes Tom Rebl est née d’une opération de licence pour la marque éponyme, sous la direction de Pregiata Eyewear Srl, une société italienne basée à Padoue, qui conçoit, fabrique et distribue les lunettes de la collection.

Au départ, Pregiata avait un projet de mise en marché, celui de combiner deux mondes, lunettes de mode (lunetterie commerciale) et de niche (lunettes de créateurs), jusqu’ici restés distants, parfois en conflit. Tom Rebl était selon eux la marque la plus appropriée au début de cette opération dans le secteur de l’optique lunetterie.

Tom Rebl est un designer émergent dans le domaine du vêtement et des accessoires, originaire d’Allemagne mais établi en Italie. Sa philosophie est d’offrir aux hommes un style individuel, hors normes, avant-gardiste. L’approche marketing pour sa marque de lunettes se veut loin de la dynamique du marché de masse, en préconisant les critères d’originalité et de recherche comme valeurs de base. Le design de la collection est entièrement axé sur l’univers de Tom Rebl, en s’inspirant du monde de la musique, à partir d’un imaginaire post-industriel et d’un style underground qui caractérisent l’essence actuelle de la marque.

BOMB_RAY RUST 2Les montures sont divisées en deux familles principales, Protos et Tecnos, toutes deux basées sur des contrastes forts. La première est caractérisée par des montures à l’extérieur propre et linéaire, avec des surfaces ultra-planes en contraste avec l’intérieur qui laisse voir d’intéressants traitements artisanaux et jeux d’épaisseurs usinés.

La deuxième famille de modèles Tecnos repose plutôt sur des montures avec une structure plus rigoureuse et un détail technique inédit : une charnière en acier brut fait ad hoc, composé d’un système de verrouillage innovateur, composé d’agrafes métalliques.

Bomb-Ray USEDD’autres modèles, tels Inuit et Bomb-Ray, déjà devenus iconiques, proposent des concepts de montage et de structure audacieux, comme les verres cousus à la main sur une monture en cuir et acier, et un pont métallique spécial construit comme un auvent.

« La couleur noire comme dominante caractérise toute la collection et a été un choix naturel. Sur cette base, nous avons développé une série de nouveaux concepts tels l’effet ‘used look’ et l’acétate rouillé. Toute la ligne affiche un style underground rehaussé par des effets de contrastes provocants », explique Antonio Piazza, gérant de Pregiata.

TomReblInuit« Ce Silmo était une première expérience pour nous. Nous avons bien aimé y participer et cela s’est avéré être une étape intéressante, favorisée par le contexte parisien. La collection de lunettes Tom Rebl est très forte et différente de la vision traditionnelle du secteur; elle a suscité beaucoup d’intérêt, de curiosité et parfois même un choc culturel », ajoute-t-il.

« Les contacts que nous y avons créés, tous de haut à très haut niveau, ont confirmé le caractère particulier et unique de la collection. C’est la preuve, un an après son lancement et après l’expérience importante du Mido, qu’une audience avant-gardiste grandissante est en mesure de saisir l’essence même très innovante de notre projet. Nous en sommes très heureux. »

www.tomrebl.com

Parasite eyewear

ParasiteEyewearHugo Martin est considéré depuis une dizaine d’années comme un véritable rebelle du domaine de la lunetterie, lui qui a conçu des lunettes qui ne reposent aucunement sur les oreilles. Et malgré le grand nombre de modèles issus de ce concept novateur, tous créés par Hugo, les clients en redemandent, tellement le confort est surprenant. Le Silmo est l’endroit idéal pour dénicher ce genre de petits bijoux technologiques qui ne se trouvent pas en Amérique du Nord, et aussi pour recevoir des designers leurs impressions sur le design et leurs inspirations du moment.

« Nous évoluons actuellement dans un univers mythologico-futuriste, ce qui veut dire que nos influences et nos sources d’inspiration sont un mélange de mythes antiques divers dans un monde qui évoque le futur. Notre produit Legion illustre bien le propos. Si Ulysse avait réalisé son odyssée dans l’espace en vaisseau spatial, les membres de son équipage auraient porté des Parasite… sûrement! Et on peut voir ces inspirations dans bon nombre de films de science fiction d’aujourd’hui, où la quête de sens se mêle à la technologie. (Prometheus, Oblivion, etc.) », commente Hugo.

mod.CYB113MEn ce qui me concerne et dans mes boutiques, la collection est davantage dédiée aux hommes, aux super-héros dans l’âme. Mais selon le designer, il vise plus large. Le designer raconte : « Notre client type est très simple à identifier : c’est une personnalité unique, c’est quelqu’un qui cherche à affirmer ce qu’il est par le biais de ce qu’il porte et qui cherche à le revendiquer autour de lui. C’est un profil psychologique plus qu’un profil sociologique ou marketing. Il n’appartient pas à un groupe, un sexe ou à une classe d’âge par exemple, c’est plutôt celui qui au sein de son groupe veut se différencier et s’affirmer. On touche donc toutes sortes de profils et de professions : avocats, sportifs, geeks… »

« Bien sûr ceux qui ont une affinité avec les technologies et l’imaginaire du futur auront une sensibilité plus importante envers nos produits et comprendront tout de suite notre univers. Nous sommes donc à contre-courant du vintage et du rétro » dit-il.

mod.LEGIONToujours à l’affût des percées technologiques, il présente cet automne plusieurs de ses modèles de protection solaire avec le verre intitulé « ténèbre ». C’est un verre à effet noir mat qui semble opaque. Ce traitement est réalisé à l’intérieur de l’épaisseur du plastique, plutôt qu’en couche extérieure comme un traitement de surface miroir. Ce procédé est breveté, et seules une dizaine de marques en Europe ont ou auront la licence pour vendre ces verres.

Quand je lui demande son appréciation du salon cette année: « Le Silmo s’est très bien passé pour nous, car nos ventes sont en progression par rapport à l’an passé, et ce, malgré un contexte fort difficile. Curieusement, notre marque est devenue une valeur refuge pour nos clients. En effet, le consommateur qui achète Parasite est fidèle à la griffe et facilement identifiable. De plus, notre marque amène de nouveaux clients aux opticiens, et par ces temps difficiles, c’est un avantage considérable. »

www.parasite-eyewear.com